Pétition »Touche pas à ma Caserne »

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Les Elus communistes de la CALL ont exprimé leur refus d’une telle décision à l’opposé du besoin de services publics utiles aux populations !

Une fois encore la politique d’austérité fait ici la démonstration de son inefficacité.

Bruno Troni Président de notre groupe et maire de Billy Montigny l’a réaffirmé avec fermeté auprès du Pt de la CALL

Ci-dessous Lettre adressée par Bruno Troni

Président du Groupe Communiste à la CALL

CIPPALCIPPAL bis

HOMMAGE à Fernand TUIL

HOMMAGE à Fernand TUIL

Co-président de l’Association des Villes Jumelées avec les Camps Palestiniens

Fernand Tuil Avion 01 2013

Fernand Tuil, Président de l’Association des Villes Jumelées avec les Camps Palestiniens, combattant pour la Paix avec Israël et contre l’apartheid du Peuple Palestinien était l’invité de la ville d’Avion pour la cérémonie des Vœux de la municipalité pour la population en Janvier 2013. Il vient de nous quitter ce Mardi 24 Décembre 2013 d’une longue et difficile maladie. Il proposa ce jour là que notre ville fasse citoyen d’honneur de la ville d’Avion Marwan Barghouti, emprisonné en Israël depuis 10 ans ce qui se réalisa par un conseil municipal extraordinaire le Samedi 2 Février 2013.

Son combat pour la Paix c’est aussi le notre ! Fernand Tuil, citoyen du Monde, de nationalité à la fois Française, Israélienne et Palestinienne, par son exemple, nous a transmis cette volonté de poursuivre le combat des justes pour les droits des peuples palestiniens et israéliens à vivre cote à cote dans la Paix dans 2 États ayant leurs pleins droits démocratiques !


Voici un extrait de son intervention à la cérémonie des vœux de la ville d’Avion  :
« En qualité d’invité d’honneur Monsieur Fernand Tuil, Président National de l’Association de Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF), a pris la parole. « …« Je veux vous parler de la lutte du peuple palestinien. Je voudrais remercier Jacques Robitail et Jean-Marc Tellier qui, il y a 10 ans, m’ont permis de les rencontrer et de prendre la décision de faire une coopération avec un camp de réfugiés palestiniens, au Liban, le camp de Bourj El Barajneh. Je tiens à dire qu’à l’époque de la seconde guerre mondiale, on donnait une décoration à ceux qui cachaient des juifs dans leurs caves ou chez eux. Et bien moi, Fernand Tuil, Palestinien de nationalité, les justes, ce sont eux deux aujourd’hui, ils méritent ce titre, parce que par leur courage politique ils ont osé dire oui. Nous n’oublions pas le peuple Palestinien qui est en train de vivre un désastre, un malheur, qui est en train d’être broyé, qui est en entrain aussi d’être déshumaniser. Grâce à des maires courageux comme le maire d’Avion, de Méricourt et d’autres, nous avons réussi à jumeler 75 villes françaises avec des camps Palestiniens… J’ai une demande particulière très importante à faire. Cette demande, je veux la faire à votre maire. Je veux lui demander s’il accepterait de nommer Marwan Barghouti, député Palestinien emprisonné, un député qui est pour la paix dans cette région du monde. Une vingtaine de villes ont décidé de le nommer citoyen d’honneur. Je demande officiellement à votre maire qu’il donne la citoyenneté d’honneur à Marwan Barghouti comme d’autres villes l’ont fait… Je vous dis de continuer à vous battre, de respecter le droit à la différence de chacun, c’est quelque chose qui va nous faire évoluer. Nous n’avons pas besoin de haine, nous avons besoin d’amour. Merci à vous… »
http://www.ville-avion.fr/La-ceremonie-des-voeux-a-la.html
http://www.ville-avion.fr/Le-depute-Marwan-Barghouti-a-ete.html

LES PREMIERES REACTIONS EN FRANCE CI-DESSOUS

http://www.humanite.fr/politique/fernand-tuil-nous-quittes-555965

Fernand Tuil Avion 01 2013 bisFernand TUIL au coté de Jean Marc TELLIER, Maire et Conseiller Général D’AVION

Lors du Conseil Municipal Extraordinaire votant à l’unanimité

Marwan Barghouti, Député Palestinien

Citoyen d’Honneur de la Ville d’Avion


http://www.ville-avion.fr/IMG/pdf/presentation.pdf


Délégation AJPF en Palestine-22 au 28 avril… par Educla2

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 Barghouti Présentation <===Cliquer ici

L’événement Facebook et Partagez : https://www.facebook.com/events/369125016518730/

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QUI EST MARWAN BARGHOUTI ?

Le monde qu’il découvre à sa naissance le révolte et il entre dès l’âge de 15 ans au Fatah. Il est emprisonné par les Israéliens en 1976 au cours d’une manifestation. À sa sortie d’incarcération, il entre à l’Université où il obtient une maîtrise en histoire, une autre en science politique et un diplôme de 3ème cycle en relations internationales.

Organisateur hors pair et homme de terrain très apprécié pour ses qualités d’orateur, il est l’un des principaux initiateurs de la 1ère Intifada en 1987, mais il est très vite arrêté par l’armée israélienne et expulsé en Jordanie. Il ne peut revenir d’exil qu’après la signature des accords d’Oslo en 1994. Il est élu au Conseil législatif de Palestine en 1996 où il défend la nécessité d’une paix avec Israël et devient secrétaire général du Fatah pour la Cisjordanie. Le 28 septembre 2000, la provocation d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées lance la 2ème Intifada.

Après une tentative d’assassinat de l’armée israélienne dont il faillit être victime, il est capturé par Israël le 15 avril 2002. Soutenant les attaques armées contre l’occupation israélienne, il rejette les attaques contre des civils sur le territoire d’Israël. Il est condamné le 20 mai puis le 6 juin 2004 à la réclusion à perpétuité et à 40 années d’emprisonnement.

Pour réaliser la paix, les Palestiniens ont besoin d’unité nationale, autant que les Israéliens ont besoin d’un consensus pour leur retrait. L’homme qui symbolise l’espoir d’unité chez les Palestiniens est Marwan Barghouti. Depuis sa prison, il lance un APPEL A L’ UNITÉ DES PALESTINIENS signé par des membres de chaque organisation palestinienne appelé « DOCUMENT DES PRISONNIERS »

Maître Gisèle Halimi, avocate de Marwan, voyant dans le prisonnier « Un symbole de la lutte contre l’occupation », elle l’a comparé comme Uvi Avnery, israélien pacifiste, à Nelson Mandela, « lui aussi emprisonné pour avoir lutté contre cette honte de l’humanité qu’était l’apartheid ».

« Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre opprimé défend : le droit de m’aider en l’absence de toute aide venant d’ailleurs. »


36e congrès du PCF – Hael Al Fahoum… par CN-PCF

 

STEPHANE HESSEL EST INDIGNE PAR LA STRATÉGIE DES GOUVERNANTS ISRAÉLIENS !

Pierre Laurent : Discours au Monument de la PAIX – (Avion)

Avion monument aux morts

Pierre Laurent
Discours au Monument de la paix
Avion (Pas-de-Calais)
9 novembre 2013

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Cher-e-s ami-e-s,
Cher-e-s camarades,

C’est avec émotion que je prends la parole devant vous, devant ce monument aux morts érigé en 1927, ce monument aux morts pacifiste, sur lequel est inscrite la fameuse sentence biblique : « Tu ne tueras point » ; inscription que les autorités de l’époque voulurent interdire.

Après avoir visité la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, le Flambeau de la paix de Neuville-Saint-Vaast, le Centre européen de la paix à Souchez, je ne peux qu’être traversé par l’émotion et réfléchir, avec vous, à cette guerre, à ses conséquences, aux choix qui ont été faits par les uns et par les autres en 1914.

Et je ne peux que réfléchir au monde d’aujourd’hui, un monde tellement différent et pourtant hanté par le spectre de la guerre.

Le Parti communiste français s’engage avec cette première journée d’initiatives dans le Pas-de-Calais dans une année de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale où nous entendons bien faire entendre la voix de la paix.

[quote align= »center » color= »#999999″]

Oui, la guerre nous n’en avons pas voulu hier, et notre parti est né de ce refus.

Oui, la guerre nous n’en voulons pas, ni aujourd’hui, ni demain.

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Henri Barbusse, dans Le feu dont le récit se déroule en partie sur la fameuse cote 119 que nous avons entrevue ce matin, écrit »: « Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait ! »

Oui, la Première Guerre mondiale fut une extraordinaire boucherie : 10 millions de morts, 20 millions de blessés.

Regardez la longue liste sur ce monument, elle n’en finit pas. La jeunesse de ce pays fut fauchée, des familles entières décimées. La France mit des décennies à s’en remettre. Sur ce monument, plus de 400 noms de militaires et de civils sont inscrits pour une population de plus de 10 000 habitants en 1914.

Des morts, des veuves, des orphelins, des invalides, des malades, des « gueules cassées ». Que de souffrances dans les corps, dans la chair et dans les esprits.

En lisant cette liste, nous  pensons à toutes les victimes militaires de la Première Guerre mondiale, quelle que soit leur nationalité: 1 400 000 Français, 2 millions d’Allemands, 1 800 000 Russes, 1 100 000 Austro-Hongrois, 650 000 Italiens… Je pourrais continuer longtemps.

Et comment ne pas penser aux troupes coloniales embarquées comme chair à canon, et auxquelles on a mis si longtemps à rendre hommage, entraînées dans un conflit qui ne les concernaient pas : près de 100 000 morts pour les seules colonies françaises.

Tous furent victimes d’une guerre injuste et inhumaine.

Alors qu’on ne compte pas sur nous pour tomber aujourd’hui dans une sorte de nouvelle Union sacrée qui commémorerait cette guerre comme s’il s’agissait de notre guerre, d’une guerre qui aurait prétendument rassemblé le peuple français.

Unis dans le refus des guerres, hier comme aujourd’hui, nous n’oublions les causes singulières historiques et politiques qui les provoquent. Nous ne croyons pas aux hommages fourre-tout qui mettent un trait d’égalité entre elles, comme si toutes, celle de 1914-1918, les guerres coloniales, la guerre contre le nazisme, n’étaient qu’un magma indifférencié.

Se souvenir, c’est comprendre et en tirer des leçons. Nicolas Sarkozy, suivi par François Hollande, ont transformé le 11 novembre en une journée d’hommage aux morts français de toutes les guerres. Cette confusion risque fort de transformer cette journée de mémoire en une journée de l’oubli.

20131109_161222[quote align= »center » color= »#999999″]Pour notre part, nous n’oublierons pas que la boucherie de 1914-1918 fut une terrible guerre impérialiste et que toutes ses victimes doivent être honorées au nom du refus de cette innommable boucherie.[/quote]

A ce propos, et devant ce monument aux morts pacifiste, je veux évoquer ceux que l’on appelle les « fusillés pour l’exemple ». 2 500 condamnations furent prononcées, et plus de 650 hommes furent fusillés, auxquels il faut ajouter les morts par exécution sommaire.

Il est temps de décider maintenant clairement, sans ambiguïté, la réhabilitation collective des « fusillés pour l’exemple »et de les inscrire aussi sur les monuments aux morts.

C’est ce que prévoit la proposition de loi déposée par le groupe communiste en janvier 2012.

Il faut que ce combat d’un siècle, porté par le PCF et des organisations comme l’ARAC, La Libre Pensée et la LDH, aboutisse enfin.

Jeudi, François Hollande a annoncé qu’une place leur serait faite au Musée de l’armée aux Invalides et que leurs dossiers de justice seront numérisés et rendus accessibles. C’est tout un petit pas en avant, bien insuffisant.

Le sondage publié par L’Humanité indique que 75 % des Français sont prêts à la réhabilitation collective de ces fusillés.

La déclaration présidentielle ne suffit pas, il faut un acte législatif comme le propose notre projet de loi. C’est au Parlement de s’exprimer, il y a une majorité pour le faire, la parole présidentielle ne peut clore cette question majeure. Le Parti communiste français prendra donc cette année toutes les initiatives nécessaires pour soutenir ce projet et le faire aboutir. 2014 doit être l’année de la réhabilitation de ces hommes injustement fauchés par la barbarie militaire.

La réhabilitation au cas par cas n’est pas possible non seulement parce qu’une partie des dossiers judiciaires a disparu mais aussi parce que ces soldats furent, comme les autres combattants, les victimes d’une guerre injuste, d’un commandement souvent défaillant.

Un siècle après, il est temps de réparer l’injustice faite à ces hommes, à leurs familles.

On nous dit que l’on ne pourrait mêler aux combattants certains de ces fusillés qui seraient des espions ou des criminels de droit commun. On préfère donc l’injustice pour le plus grand nombre pour ne pas se tromper sur quelques cas.
Réhabilitons et ensuite s’il y a des cas avérés de criminels –mais il faudra le prouver, ils en seront exclus.

Cette guerre fut une guerre injuste, elle ne fut pas celle du droit mais celle des affrontements et des rivalités nationalistes et impérialistes qui n’avaient rien à voir avec l’intérêt des peuples.

Les grandes puissances impérialistes se sont affrontées pour des parts du gâteau colonial, des territoires et leurs richesses. Elles s’étaient engagées pour cela, déjà, dans une folle course à la militarisation, au surarmement. Les marchands de canons avaient préparé cette guerre, ils la voulaient, ils l’ont eue, ils avaient construit un système d’alliances, non pas défensif, mais pour la guerre.

Les gouvernements et les forces de l’argent attisèrent les haines nationalistes pour diviser les peuples, les détourner de la lutte des classes -qui grondait partout en Europe-, pour les conduire au grand affrontement, à la grande boucherie.

En 1914, ce qui était à l’ordre du jour, c’était, déjà, la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail, l’égalité entre les hommes et les femmes, ce n’était pas d’aller à la guerre.

Travailleurs et paysans voulaient le pain, le fruit de leur labeur, pas la guerre.

La bourgeoisie a su exacerber les haines, monter les peuples les uns contre les autres, pour dévier les peuples de la lutte pour un monde meilleur, elle a su les entraîner dans une voie sans retour, que des millions d’hommes paieront de leur vie.

C’est une leçon à l’heure où tant de forces, à commencer par l’extrême-droite de Marine Le Pen, s’emploient à distiller le poison du rejet de l’autre, quand face à la crise.

Jean Léon Jaurès 01[quote align= »center » color= »#999999″]Rien ne devrait nous faire oublier que notre voisin, proche ou lointain, est toujours un travailleur, une sœur ou un frère d’humanité. Et c’est pour cela qu’ils ont tué Jaurès le 31 juillet 1914.[/quote]

Le fondateur de L’Humanité, le parlementaire, le leader socialiste n’avait eu de cesse de s’opposer à la guerre. Inlassablement, il cherchait les moyens de la conjurer en organisant une riposte internationaliste avec les socialistes allemands.

Ce n’est donc pas seulement un militant exalté de l’Action française, cette organisation royaliste, antisémite, nationaliste et d’extrême-droite qui l’a tué mais bien tous ceux qui ne voulaient pas de la paix et de la fraternité entre les peuples.

Sa mort a totalement désorganisé le mouvement socialiste et syndical à tel point que face à l’offensive allemande, leurs chefs se sont ralliés à l’Union sacrée et à la guerre.

Il en fallait du courage pour résister à l’esprit de guerre pendant l’été 1914 et il vrai qu’au niveau politique seule une petite minorité s’est opposée à la guerre, mais dans le peuple contrairement à la légende de la fleur au fusil, très vite le refus de la guerre a progressé. On ne peut expliquer autrement que le nombre d’exécutions et l’ampleur de la répression pour indiscipline et refus de guerre furent à leur paroxysme au cours des deux premières années du conflit.

Ce refus souterrain, individuel, gagna en force politique quand, en Russie en 1917, la révolution retentit pour dire non à la guerre ; comme en France, comme en Allemagne des mutineries éclatèrent.

On comprit dès lors dans les rangs socialistes qu’il n’était pas possible de rester au gouvernement de guerre.

Progressivement la minorité pacifiste s’imposa au sein du parti socialiste, sut rallier des partisans honnêtes de la guerre et qu’ainsi l’ancienne majorité fut renversée. C’est ce qui conduisit à la création majoritaire à Tours de notre parti, le parti communiste.

Le PCF naquit ainsi des braises mêlées des luttes ouvrières et paysannes en France, de l’espoir né de la Révolution russe, du non à la collaboration de classe et du non à la guerre.

Nous pouvons être fiers de tous ces communistes qui créèrent alors le PCF pour rompre avec le socialisme de guerre : les Paul Vaillant-Couturier, André Marty, Charles Tillon qui allèrent même jusqu’à se mutiner quand la France poursuivit sa guerre mondiale, en 1919, en agressant la Russie révolutionnaire, les Duclos, les Thorez… La liste est longue de ceux qui dirent oui au communisme pour dire non à la guerre.

20131109_163025[quote align= »center » color= »#999999″]Oui, aujourd’hui comme hier, en nous souvenant que celle que l’on appelle la « Grande Guerre » fut le premier désastre humain et social du XXe siècle, nous clamons : « Plus jamais la guerre ! »[/quote]

Mais nous le savons aussi. Il n’y a pas de « leçons » mécaniques à tirer comme si la simple connaissance des faits historiques et les automatismes de la mémoire pouvaient nous garantir ce « plus jamais ça » et une paix définitive.

On sait par expérience que ce n’est pas le cas.

Le XXe siècle dans sa totalité, ce siècle tragique que certains appellent un « siècle de fer et de sang », nous le rappelle avec ses 80 millions de morts, le génocide nazi, les massacres et les guerres coloniales.

Et le XXIe siècle s’ouvre dans un monde totalement différent où le fléau de la guerre n’a pourtant pas disparu.

La violence politique reste aujourd’hui une réalité. Une nouvelle course aux armements pousse à une militarisation à des niveaux jamais atteints avec des dépenses militaires inégalées : 1 750 milliards de dollars en 2012.

La guerre est toujours là. Elle prend d’autres formes. Elle a d’autres causes. Même si l’on rencontre encore et toujours cette mensongère et désolante thématique de « guerre juste ».

Il n’y a pas de guerre juste. Il y a des résistances légitimes.
Il y a des luttes armées, et des pratiques de terreur qui ne le sont pas.

Mais la guerre, aujourd’hui comme hier, reste le moyen privilégié d’imposer par la force sa propre logique et ses propres intérêts à d’autres.

Aujourd’hui comme hier, la guerre et la violence politique se nourrissent du terreau du sous-développement, des injustices sociales, des stratégies de domination.

Elles sont le fruit des crises et du mépris des attentes populaires. Elles sont le résultat des politiques hégémoniques et des ambitions néo-impériales.

La guerre alimente un terrorisme qu’elle prétend combattre.

Elle reste l’expression d’une recherche de la domination et de la prédation économique. Elle continue d’affirmer des hiérarchies dans les souverainetés au sein d’un monde capitaliste ultra-concurrentiel où l’accès aux ressources, aux matières premières, à l’énergie figure parmi les non-dits des buts réels de la guerre.

Voilà pourquoi les communistes refusent la guerre, refusent les guerres.

Notre parti, je l’ai dit, est né du rejet de la Première Guerre mondiale. Notre histoire, au-delà des vicissitudes politiques, est une histoire anti-guerre, une histoire du combat pour le désarmement, pour la démilitarisation des relations internationales, pour la paix. Nous en sommes fiers.

Ce combat pour la paix n’est pas, et n’a jamais été pour nous, la seule volonté de bannir la guerre comme moyen de règlement des différends. Nous n’oublions pas, cependant, que l’interdiction du recours à la force est un principe majeur du multilatéralisme appartenant à l’Organisation des Nations unies.

Et cette dernière est bien le fruit des deux guerres mondiales du XXe siècle, après l’échec de la Société des nations, la SDN, issue du Traité de Versailles de 1919.73990869_1

Ne sous-estimons pas cette exigence de l’interdiction du recours à la force même si elle est bafouée en permanence. Son existence même, comme principe, rappelle que ce qui est juste et légitime c’est le règlement politique des conflits, donc le droit dans ses différentes formulations, et le politique dans la dignité qu’il devrait conserver en toute circonstance.

Nous avons eu l’opportunité de rappeler cette réalité en particulier lors de toutes les guerres qui ont dramatiquement marqué l’actualité depuis la chute du Mur.

Mais pour le Parti communiste français, la paix n’est pas, et ne peux pas être seulement, l’absence de guerre.

C’est surtout une conception du développement dans toutes ses dimensions, ce sont les conditions de ce que les Nations unies ont appelé, dès 1994, une sécurité humaine.

C’est la satisfaction des besoins sociaux, la lutte contre les inégalités et les injustices, le respect des indépendances, la maîtrise des choix nationaux, la coopération et les solidarités nécessaires face aux nouveaux défis mondiaux…

Construire la paix, c’est construire un autre monde, une autre Europe, une autre configuration des relations internationales, c’est construire les conditions d’une sécurité internationale, sociale, écologique, civile, humaine…

C’est la vision d’un nouvel ordre international. C’est un combat populaire et citoyen de tous les instants dans le rassemblement et l’unité de toutes les forces progressistes et démocratiques, y compris avec celles des peuples du Sud, notamment du monde arabe et d’Afrique.

Il est consternant de voir pourtant que la seule idée et perspective avancée par la plupart des dirigeants et des forces politiques françaises, comme réponse aux enjeux du monde actuel, est la constitution d’une Europe de la défense liée à l’Otan, dans la continuité des politiques de puissance et de militarisation… C’est à croire que l’on n’a finalement rien appris !

Un monde de paix et de sécurité pour les peuples suppose des engagements prioritaires et cruciaux. Je pense en particulier au désarmement nucléaire.

L’arme nucléaire caractérise cette période terminée de l’affrontement stratégique des blocs dans la deuxième partie du XXe  siècle. Elle constitue une menace pour l’existence même de l’humanité. C’est une arme qui tend à proliférer malgré les traités et les discours.

À ceux qui prétendent que la théorie de la dissuasion constituerait la garantie que l’arme nucléaire ne sera pas utilisée (alors qu’elle l’a déjà été !), nous répondons que la meilleure garantie du non-emploi de l’arme nucléaire est un engagement résolu, multilatéral, c’est-à-dire international, pour la réduction maximale de la menace qu’elle représente, pour aboutir progressivement à son élimination totale et universelle.

C’est d’ailleurs le sens du Traité de non-prolifération signé par tous les États de la planète –à l’exception d’Israël, du Pakistan et de l’Inde.

La France devrait user de son autorité morale et de son rôle comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu pour prendre des initiatives en ce sens, sur l’arme nucléaire comme sur toutes les armes de destruction massive.

Notre pays fut un des principaux champs de bataille de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième.

Il est une des principales puissances nucléaires. Ses autorités politiques portent une responsabilité directe et connue dans la prolifération nucléaire.

La France a donc une responsabilité. Elle doit l’assumer avec d’autres, avec tous les autres États. Car le désarmement et la paix constituent bien une responsabilité collective devant l’histoire et, surtout, devant l’avenir. Personne, aucun pays, ne peut se croire exonéré de cette nécessité.

Voilà l’esprit avec lequel nous organiserons durant toute l’année qui vient une multitude d’initiatives.

Je souhaite que, dans chaque département de France, notre parti soit à l’initiative d’évènements utiles au débat national.

Nous tiendrons au printemps une grande exposition au siège de notre parti à Paris. Intitulée « Putain de guerre », elle présentera 100 planches originales du dessinateur Jacques Tardi .

Nous tiendrons d’autres évènements au siège national du Parti, des évènements européens dans le cadre des élections européennes, ainsi qu’une soirée autour de l’écrivain Henri Barbusse, Prix Goncourt 1916 pour son roman « Le Feu ».
Nous participerons à des rencontres et des initiatives à Verdun, à Sarajevo et ailleurs ; évidemment, avec L’Humanité, nous célébrerons Jean Jaurès.

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[quote align= »center » color= »#999999″]Oui, cent ans après, il est temps de se souvenir et de s’engager résolument pour notre futur, pour une autre vision de l’Europe et du monde.

Pour la paix et la solidarité.

[/quote]

JAURES AU PRESENT !!

Jean Léon Jaurès 0125 Juillet 1914 : à Vaise, l’ultime discours de Jaurès contre la guerre, cinq jours avant son assassinat
Publié le 25 juillet 2011

Cinq jours avant son assassinat, Jaurès vient à Lyon, le 25 Juillet 1914, aider Marius Moutet qui sollicite les électeurs de Vaise pour un mandat de député. Il vient donc le soutenir mais, dans son désarroi, notre tribun oublie cette tâche [1], pour crier le mélange de tristesse, d’angoisse et d’espérance qui l’étreint à la veille de la guerre : cette guerre qui se profile, et qui, il le sait, va écraser toute une jeunesse et avec elle une partie de l’espérance des peuples. Dans un souci pédagogique, Jean Jaurès expose à son auditoire certaines des causes du conflit mondial qui s’annonce, et l’engage à tout faire pour s’opposer à cette guerre. Cela va devenir un véritable texte de référence à contre-courant.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! »
Voici donc le dernier discours de Jean Jaurès, et celui-ci fut prononcé dans une salle de Vaise pleine à craquer, salle au 51 de la rue de Bourgogne qui n’existe plus aujourd’hui ; il n’y a plus qu’une plaque pour le garder en mémoire.
Cinq jours après, Jaurès était assassiné au café du Croissant, à Paris. Trois jours plus tard, la guerre était déclarée… et les socialistes faisaient tout le contraire des propos qu’avait prônés Jaurès.
________________________________________
« Citoyens,
Je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.
Ah ! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demi-heure, entre l’Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu’une guerre entre l’Autriche et la Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l’Autriche le conflit s’étendra nécessairement au reste de l’Europe, mais je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu’ils pourront tenter.
Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en mêlait, l’Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés.
Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : « J’ai contre moi deux adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés. » A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu.
Dans une heure aussi grave, aussi pleine de périls pour nous tous, pour toutes les patries, je ne veux pas m’attarder à chercher longuement les responsabilités. Nous avons les nôtres, Moutet l’a dit et j’atteste devant l’Histoire que nous les avions prévues, que nous les avions annoncées ; lorsque nous avons dit que pénétrer par la force, par les armes au Maroc, c’était ouvrir l’ère des ambitions, des convoitises et des conflits, on nous a dénoncés comme de mauvais Français et c’est nous qui avions le souci de la France.
Voilà, hélas ! notre part de responsabilités. Et elle se précise, si vous voulez bien songer que c’est la question de la Bosnie-Herzégovine qui est l’occasion de la lutte entre l’Autriche et la Serbie et que nous, Français, quand l’Autriche annexait la Bosnie-Herzégovine, nous n’avions pas le droit ni le moyen de lui opposer la moindre remontrance, parce que nous étions engagés au Maroc et que nous avions besoin de nous faire pardonner notre propre péché en pardonnant les péchés des autres.
Et alors notre ministre des Affaires étrangères disait à l’Autriche : « Nous vous passons la Bosnie-Herzégovine, a condition que vous nous passiez le Maroc » et nous promenions nos offres de pénitence de puissance en puissance, de nation en nation, et nous disions à l’Italie : « Tu peux aller en Tripolitaine, puisque je suis au Maroc, tu peux voler à l’autre bout de la rue, puisque moi j’ai volé à l’extrémité. »
Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie. Eh bien ! citoyens, nous avons notre part de responsabilité, mais elle ne cache pas la responsabilité des autres et nous avons le droit et le devoir de dénoncer, d’une part, la sournoiserie et la brutalité de la diplomatie allemande, et, d’autre part, la duplicité de la diplomatie russe. Les Russes qui vont peut-être prendre parti pour les Serbes contre l’Autriche et qui vont dire : « Mon cœur de grand peuple slave ne supporte pas qu’on fasse violence au petit peuple slave de Serbie. » Oui, mais qui est-ce qui a frappé la Serbie au cœur ? Quand la Russie est intervenue dans les Balkans, en 1877, et quand elle a créé une Bulgarie, soi-disant indépendante, avec la pensée de mettre la main sur elle, elle a dit à l’Autriche : « Laisse-moi faire et je te confierai l’administration de la Bosnie-Herzégovine. » L’administration, vous comprenez ce que cela veut dire, entre diplomates, et du jour où l’Autriche-Hongrie a reçu l’ordre d’administrer la Bosnie-Herzégovine, elle n’a eu qu’une pensée, c’est de l’administrer au mieux de ses intérêts.
Dans l’entrevue que le ministre des Affaires étrangères russe a eu avec le ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, la Russie a dit à l’Autriche : « Je t’autoriserai à annexer la Bosnie-Herzégovine à condition que tu me permettes d’établir un débouché sur la mer Noire, à proximité de Constantinople. » M. d’Ærenthal a fait un signe que la Russie a interprété comme un oui, et elle a autorisé l’Autriche à prendre la Bosnie-Herzégovine, puis quand la Bosnie-Herzégovine est entrée dans les poches de l’Autriche, elle a dit à l’Autriche : « C’est mon tour pour la mer Noire. » – « Quoi ? Qu’est-ce que je vous ai dit ? Rien du tout ! », et depuis c’est la brouille avec la Russie et l’Autriche, entre M. Iswolsky, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et M. d’Ærenthal, ministre des Affaires étrangères de l’Autriche ; mais la Russie avait été la complice de l’Autriche pour livrer les Slaves de Bosnie-Herzégovine à l’Autriche-Hongrie et pour blesser au cœur les Slaves de Serbie. C’est ce qui l’engage dans les voies où elle est maintenant.
Si depuis trente ans, si depuis que l’Autriche a l’administration de la Bosnie-Herzégovine, elle avait fait du bien à ces peuples, il n’y aurait pas aujourd’hui de difficultés en Europe ; mais la cléricale Autriche tyrannisait la Bosnie-Herzégovine ; elle a voulu la convertir par force au catholicisme ; en la persécutant dans ses croyances, elle a soulevé le mécontentement de ces peuples.
La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.
Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.
Vous avez vu la guerre des Balkans ; une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille.
Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé.
Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d’Allemagne s’élèvent avec indignation contre la note de l’Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué.
Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et, de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.
J’aurais honte de moi-même, citoyens, s’il y avait parmi vous un seul qui puisse croire que je cherche à tourner au profit d’une victoire électorale, si précieuse qu’elle puisse être, le drame des événements. Mais j’ai le droit de vous dire que c’est notre devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui représente à cette heure, sous l’orage, la seule promesse d’une possibilité de paix ou d’un rétablissement de la paix. »
Jean Jaurès
discours prononcé à Lyon-Vaise le 25 Juillet 1914
P.-S.
Jaurès a dit aussi : « Nous ne sortirons de l’iniquité qu’en sortant du capitalisme ! »
Plus d’indications sur la vie de Jean Jaurès
Paroles de « Jaurès » de Jacques Brel
Notes
[1] Peut-être que ce n’est pas un oubli, on ne le saura jamais…
En tout cas Jaurès et Moutet ne devaient pas avoir les mêmes idées sur la guerre.
En effet, c’est sur ordre du socialiste Marius Moutet, ministre des colonies du cabinet Ramadier, que des renforts de l’armée sont envoyés à Madagascar le 31 mars 1947 (jusqu’à 30.000 hommes) pour une opération punitive qui a fait plus de 300.000 morts !
Au cri de « mort aux cafards », des milliers de civils sont abattus ou massacrés à la baïonnette par l’armée française. La « pacification » de Madagascar est le grand oublié des massacres racistes coloniaux de l’après-guerre, la France y testant de nouvelles armes et sa stratégie anti-insurrectionnelle. La répression, visant à éliminer tout particulièrement les cadres malgaches, est féroce : exécutions sommaires, villages incendiés, suspects lâchés vivants d’un avion en vol sur leur village… Cette guerre, la famine et les épidémies dans les camps feront plus de 300.000 morts (contrairement aux chiffres, qui ne prennent pas tout en compte, dont on a parlés, lors de la visite de Chirac le 21 juillet 2005 à Madagascar).
C’est encore Marius Moutet, qui, envoyé à Hanoï par Léon Blum, le 2 janvier 1947, contrairement à sa mission, a refusé de rencontrer Hô Chi Minh, cédant à la pression de l’amiral d’Argenlieu, alors que venaient de s’ouvrir les hostilités de cette « sale guerre d’Indochine » appuyée par de Gaulle. Si elle avait eu lieu, cette rencontre aurait pu probablement changer le cours de l’histoire.(Raymond Aubrac, « Où la mémoire s’attarde »p.190)



Notre Camarade Robert Vansteenkiste nous a quitté ce Dimanche 17 Mars 2013.


Témoignage d’un ancien déporté par telegohelle

Cheminot engagé très tôt dans la résistance, il a été l’un des principaux dirigeants des jeunesses communistes dans le Nord. Responsable des Francs Tireurs et Partisans du secteur d’Armentières, il est arrêté en décembre 1941 par la police française. Condamné à 5 ans, il sera déporté dans le terrible camp de Mauthausen en Autriche durant 14 mois.

Libéré en mai 1945, Robert Vansteenkiste était titulaire de la médaille militaire de la croix de guerre, de la médaille de la résistance. Il avait été élevé au rang de chevalier de la légion d’honneur et titulaire des palmes académiques en reconnaissance du fantastique travail de témoignage qu’il a accompli. Il a fait connaître aux jeunes générations ce qu’a été la résistance à l’occupant, ses souffrances, ses sacrifices et ses espoirs.

Il a témoigné, jusqu’au bout, de l’horreur que portent en eux le fascisme et le nazisme. Ancien conseiller municipal d’Avion, Robert Vansteenkiste était un militant actif du parti communiste et de la CGT. Responsable départemental de FNDIRP, il était à l’origine de la création du mémorial de la déportation à la coupole d’Helfaut.

ÉLOGE FUNÈBRE prononcée par Pierre Chéret, Représentant les filles et fils de Déportés, Membre du CN de la FNDIRP

Mesdames et Messieurs

 A chaque fois que l’un d’entre nous part, quelque soit le moment ou à l’âge où il part, la tristesse nous étreint. L’émotion nous tenaille.

Cette émotion, la tristesse nous la partageons avec toi Gaby et tes enfants et petits-enfants. Avec toi Gaby qui fut tout ce temps la compagne d’une vie riche en événements heureux mais faites aussi de moments durs et difficiles.

Moments durs et difficiles, surmonté par la solidité d’un couple, lucide et simple. Ne lâchant rien sur ce que furent les valeurs que fit naitre une amitié dans les parloirs de la prison de Cuincy à  Douai, où nombreux mineurs et cheminots syndicalistes et communistes étaient incarcérés !

Valeurs humanistes, résistance et combativité qui, par chance, vous permirent de vous retrouvez à la libération et de fonder dans cette période de Paix retrouvée une famille heureuse.

Cette vie faite d’engagements va laisser d’importantes traces ici dans la conscience des générations qui ont eu la possibilité et :

  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert  dans son activité inlassable pour l’obtention des droits à ceux qui subirent les incarcérations, les internements et la déportation et aux familles des fusillés et de ceux qui ne revinrent pas des camps de cet immense génocide.
  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert dans son action, avec ses camarades de la FNDIRP et des diverses associations frères qui revinrent des camps de concentration nazi, message et action pour empêcher l’oubli des horreurs que la montée du fascisme, du racisme et de l’antisémitisme qui engendra cette 2ème guerre mondiale.
  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert  dans son engagement syndical et politique à l’intérieur de la SNCF et dans sa commune dès que son état de santé lui permit de reprendre le travail au service de l’entretien des voies ferroviaires.

Robert a 20 ans lorsque le 10 décembre 1941, il est arrêté en gare de Lille par la police française. Il fait parti de ces familles que le Front Populaire a enthousiasmées.

  • Familles qui font face à l’esprit de revanche que fait régner ensuite le grand patronat, la droite et l’extrême droite française dans les mains de Pétain, et qui a préféré Hitler pour briser les acquis sociaux du front populaire,
  • Robert et sa famille sont de ceux qui continue à agir, à garder intact leur détermination dans une période où la peur règne dans de nombreux foyers et dans tout le pays.

Bien sur, rien n’est simple ! Ils ne sont pas nombreux à redresser la tête mais la volonté de la jeunesse, à l’image de Michel Brulé, de Julien Hapiot ou de Marcel Dandre, permettra de créer les premières actions de résistance à l’envahisseur  face à la cohorte des pétainistes qui prônent le racisme et la résignation face à la dictature fasciste allemande.

Robert aimait à rappeler cette simple anecdote !  Nombreux étaient les jeunes dans cette période de débâcle et d’exode qui ne fréquentaient pas leurs écoles ou leurs lycées ou n’aller plus au travail ! La première tache politique qu’ils imaginèrent c’était l’organisation de parties de football pour discuter et tenter de recruter des adhérents et surtout faire passer l’idée du refus de voir notre pays ainsi soumis et envahi ! Cette anecdote qu’il me rappela, avait pour but, de faire comprendre, que dans le militantisme il n’y a pas que les taches nobles idéalisant les héros, mais aussi la capacité comme il a su le faire avec d’autres, de donner du sens et de la valeur à toutes celles et ceux qui, par un geste, un message, un tract sous une porte, un peu de sable dans les boites d’essieu des wagons ou le percement d’une conduite de frein amplifièrent la résistance ! Dans son livre dédié à la résistance cheminote, il démontre ainsi que ces militants déjà aguerri à l’action revendicative et politique, au risque d’être poursuivi et arrêté, fabriquèrent une résistance naissante et active, en prenant comme lui et quelques uns le chemin de l’illégalité.

Les murs de la citadelle d’Arras et du Vert Galant, nous rappellent, dans cette zone interdite du Nord de la France, combien fut féroce la répression pour briser la résistance très active que le mouvement de Mai Juin 1941 met en exergue. Robert est de ceux-là ! Son futur beau-père aussi ! Plusieurs mois d’emprisonnement et 14 mois dans le camp de concentration de Mauthausen en Autriche. Camp de Mauthausen qui avait cette particularité d’être proche d’une grande carrière. Carrière dans laquelle les détenus, au prix d’heures incessantes de travail et d’une maigre pitance, taillèrent dans la roche un immense escalier sur lequel ils devaient ensuite chaque jour transporter des pierres. Escalier au haut duquel de nombreux détenus ne parvenaient pas ! Et d’autres à qui ont donné le choix d’être abattu par un SS ou de pousser dans le vide le détenu devant soi. La destruction humaine étaient là à l’œuvre jusqu’à l’innommable machine d’extermination de la solution finale qui devait pour les nazis voir le triomphe d’une prétendue race aryenne.

Son emprisonnement et sa déportation avec des hommes de conditions ou d’opinions différentes forgèrent en lui un sens aigu de la détermination mais en même temps une vision tolérante, humaniste mais exigeante de la société et de la vie . Vision et démarche que nous, générations qui le suivirent, retrouvèrent en lui à chaque fois qu’on allait à sa rencontre !! Toujours un accueil avec le sourire, et tout de suite une réflexion sur la situation politique !  Et bien sur, un intarissable chercheur pour que chaque situation ou chaque lettre soient précisée et classé ou réécrit par Gaby !

A la libération, Homme d’engagement de 25 ans, Robert Cheminot de la zone ferroviaire lensoise, n’est pas resté longtemps  sans être au cœur du débat politique et syndical pour la reconstruction. Dans cette zone, plus de 2500 cheminots travaillaient à la vivacité de la production charbonnière, le débat y était vif. L’engagement fort dans la résistance de nombreux cheminots et les souffrances qu’endurèrent leurs familles firent émergé des femmes et des hommes bien décidés à ce que l’on n’oublie pas les sacrifices de ceux qui contribuèrent à l’accélération  d’un retour à la Paix tant attendu. Que l’on n’oublie pas l’ambition pluraliste, politique et sociale du Conseil National de la Résistance.

A partir de son retour au travail, Robert sera de toutes les luttes et des grèves, de celles de 1948 au coté des mineurs, de celle de 1953 pour empêcher la remise en cause chez les cheminots des droits à la retraite. Il est élu à plusieurs reprises représentant du personnel local et régional où il défend « Bec et Ongles » les dossiers et les revendications de ses collègues de travail. Sa ténacité ne lui vaut pas que des amis dans la direction de la SNCF. Or on retrouve là la ténacité de Robert pour qui ces collègues lui renouvèleront en permanence sa confiance comme dirigeant syndical. Il devient soudeur de rail au train Parc de Béthune. Métier qu’il aime mais difficile physiquement jusqu’au moment où sa santé fragilisée par la malnutrition des années d’incarcération et de déportation lui procura de nombreux problèmes. Il demande à être intégré dans une fonction plus à même de prendre en compte sa fragilité. L’acharnement de sa direction, qui n’oublie pas l’homme d’action qu’il est, le poussera à une mise à la réforme d’office à l’âge de 46 ans.

Homme d’action malgré une santé fragilisée. Homme d’action il restera !

Et toi Gaby à ses cotés et ensemble vous allez poursuivre avec les camarades de la FNDIRP, ce travail essentiel de mémoires et d’information sur ces mécanismes qui ont construit l’innommable génocide.

Militant de la mémoire comme le dénomme son ami Alain Durand. Militant de la mémoire pour que le plus grande nombre possible de jeunes lycéens et collégiens puissent savoir et comprendre ce qu’est une guerre, ce qu’est un génocide. Une guerre qui n’a rien d’un jeu sur un ordinateur. Qu’une guerre ! C’est avant la guerre ! que se construisent les haines, les revanches et les mises en opposition des peuples que les grands industriels ont souvent porté pour perpétuer leur domination financière.

Robert a toujours chercher à comprendre pourquoi le peuple allemand c’était laisser emporter dans la destruction fasciste et raciste. Il savait combien le lit de la pauvreté, des extorsions  fait sur l’économie allemande après la guerre 14 18 a permis aux revanchards et aux hobereaux prussiens de provoquer la peur du plus pauvres que soi ou de l’artisan juif, de faire monter au pouvoir les pires crapules réprimant à la place de la police et dans le sang les luttes sociales qui se multipliaient.  

Robert savait nous expliquer que le refus de l’oubli ne devait pas empêcher la volonté d’agir en permanence pour la PAIX et à la rencontre avec des militants allemands pour agir ensemble contre l’oubli de l’inacceptable. Au contraire, ne pas oublier c’est comme il le faisait de profiter de chaque cérémonie afin de faire le lien avec l’actualité et ces interpellations sur les retours dans nos pays du populisme, des oppositions entre les catégories et les confessions qui fabriquent aujourd’hui le F Haine.

Les nombreux monuments qu’il fit ériger dans les villes et villages et sous la coupole d’Helfaut vont laisser pour longtemps une trace indélébile pour la mémoire de la déportation.

Robert nous laisse un héritage important que nous voulons poursuivre du mieux que nous pourrons. Filles et fils de déportés nous n’avons pas vécu la réalité des camps mais nous avons la possibilité de porter encore et toujours les valeurs fondatrices d’une société qui naissant au cœur de la résistance porte toujours l’idée d’une humanité où il doit faire bon vivre !

Gaby toi qui fut sa secrétaire et notre secrétaire nous savons combien est énorme ta peine aujourd’hui et celle des enfants et petits enfants. Dans les jours qui viendront nous serons avec toi Gaby pour que les convictions de Robert continuent leur bon chemin.

Adieu Robert

 

L’ancien résistant Stéphane Hessel est mort

Hessel 01Résistant, déporté, diplomate et corédacteur de la Déclaration des droits 
de l’homme Stéphane Hessel est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 95 ans. Nous vous proposons un entretien qu’il avait accordé à l’Humanité, le 31 décembre 2010 à l’occasion de la publication d’ Indignez-vous !.

Né en 1917 à Berlin, il était arrivé enfant en France et a été naturalisé en 1937. Résistant, déporté, ambassadeur, Stéphane Hessel était notamment connu pour ses prises de position concernant les droits de l’Homme, le droit d’asile, l’accueil des migrants et le Proche-Orient. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, cet ami personnel de Pierre Mendès-France et Michel Rocard avait fait carrière dans la diplomatie, notamment aux Nations-Unies. Plus récemment, il a été membre du collège des médiateurs pour les sans-papiers en 1996. Son petit ouvrage Indignez-Vous !, défendant l’esprit de résistance, paru en 2010, a connu un retentissement mondial, traduit dans de nombreuse langues et tiré à plusieurs millions d’exemplaires.

Comment recevez-vous le succès de ce livre ? Répondait-il 
à un besoin qui sied 
à la période ?

Stéphane Hessel. J’ai été naturellement surpris et même émerveillé par le succès de ce petit pamphlet. Je l’explique par le fait que nous vivons un moment de relative angoisse, on ne voit pas bien où nous allons. Nous avons la claire conscience que nous sommes au milieu – et non pas à la fin – d’une grave crise de l’économie néolibérale sans régulation, il est donc normal de se poser des questions sur la raison des dysfonctionnements de nos sociétés. Lorsque l’on vit dans des sociétés qui fonctionnent mal, la première chose que nous avons envie de faire, c’est de nous indigner. On se souvient que, dans d’autres périodes de notre histoire, il fallait aussi s’indigner si l’on ne voulait pas subir l’occupation étrangère de la France, ou dans des situations de pénurie passive.

La dette ou l’absence de financement sert souvent d’argument à la remise en cause des conquêtes sociales de la Libération. Comment le Conseil national de la Résistance (CNR) est-il parvenu à construire ces socles dans le contexte d’une Europe ruinée ?

Stéphane Hessel. Il faut tout d’abord se souvenir que le programme du CNR a été élaboré dans la clandestinité par des gens qui n’avaient aucune capacité politique autre que la réflexion et la proposition. Grâce à cette relative liberté de réflexion, ils se sont posé le problème de savoir comment la France, une fois libérée, pourrait donner à notre pays un ensemble de valeurs et de politiques qui correspondraient à ce que les résistants souhaitaient. C’est vraiment la base d’une social-démocratie qui tienne le plus grand compte des libertés fondamentales, de la lutte contre les féodalités économiques excessives, contre une presse menée par un gouvernement de Vichy. Ces valeurs se sont-elles dégradées ? Manifestement. Et c’est la logique de l’indignation. Il n’y a pas de raison que la France de 2010 n’ait pas les moyens nécessaires car elle dispose de ressources considérables, de richesses bien plus grandes que celles de 1945. Malgré cela, les conquêtes sur lesquelles on pouvait compter n’ont pas été réalisées. Cela doit constituer les bases de la réflexion et susciter le sentiment qu’il y a à faire. Il faut d’abord s’indigner mais ne pas s’arrêter là. Il faut se poser une question : comment faire pour que les choses changent ? Nous avons besoin d’une nouvelle direction du pays, celle mise en place depuis 2007 n’est pas satisfaisante mais il faut savoir ce que l’on peut proposer d’autre. Cela vaut pour l’Europe et le monde entier. Et notamment pour les régions les plus frappées par la crise ou par des conflits… On pense naturellement aux Palestiniens, aux Sahraouis, à des peuples qui, contrairement à ce que réclame la charte des Nations unies, ne disposent pas encore d’un État et dont l’autodétermination n’est pas encore réalisée.

Vous appelez à plus de justice et de liberté mais, 
dites-vous, « pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler ». Est-ce à dire 
que sans égalité, ni fraternité, la liberté n’est rien ?

Stéphane Hessel. La liberté est à la fois l’une des données les plus fondamentales et les plus précaires. Une liberté n’a de sens que si elle assure une égalité des droits et donc une solidarité. Cela renvoie à notre belle devise qui doit se concevoir comme un tout. La liberté qui régit de plus en plus l’économie financiarisée, mise à la disposition de quelques possédants et non pas rendue compatible avec l’égalité et la fraternité, a déjà causé des dégâts considérables.

Vous évoquez le rôle 
de Sartre dans la formation de votre pensée et cette phrase : « Vous êtes responsables 
en tant qu’individus. » 
Quelle est, alors, 
la place du collectif ?

Stéphane Hessel. Les structures politiques ou économiques, qui régissent actuellement les sociétés humaines, sont en grande difficulté. Elles ne sont pas équipées pour résoudre les nouveaux problèmes qui se posent : la protection de la planète et les écarts croissants de richesses. On ne peut plus s’en remettre aux pouvoirs existants, il faut que les citoyens se mobilisent dans des organisations non gouvernementales dont les manifestations sont de plus en plus internationales, c’est le cas des grands forums sociaux. Voilà la voie à suivre pour que, collectivement, ce soient les citoyens – et non pas les structures en place – qui ouvrent le chemin d’une rénovation nécessaire du fonctionnement de l’économie mondiale.

Vous citez également Hegel, 
le sens de l’histoire et ses chocs successifs. Considérez-vous que la démocratie 
est actuellement sous le coup de régressions ?

Stéphane Hessel. Il faut se dire que la démocratie est un programme qui n’est malheureusement pas encore accompli. La Déclaration universelle des droits de l’homme dit en toutes lettres que ces droits ne peuvent être réalisés que dans le cadre de d’un régime démocratique qui doit résister à toute forme de tyrannie, de totalitarisme ou d’oppression. Il ne faut pas sous-estimer les progrès auxquels nous faisons face notamment en Amérique latine ou en Europe. C’est néanmoins insuffisant car ces démocraties ne se défendent toujours pas suffisamment contre l’emprise du capitalisme financier. C’est là-dessus que doivent porter les efforts des individus.

À propos de la rédaction 
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, vous revenez sur l’hypocrisie de certains vainqueurs dans leur adhésion à ces valeurs. Comment cela a-t-il joué dans leur application, selon vous ?

Stéphane Hessel. La notion d’hypocrisie est importante pour voir comment les gouvernements et peut-être aussi les grandes entreprises disent tendre vers les droits et l’égalité, vers un progrès de l’économie qui bénéficierait à tous et notamment aux plus pauvres. En réalité, ils s’arrangent pour garder le pouvoir même si ce pouvoir ne répond pas aux besoins des citoyens. Elles veulent également conserver l’emprise économique même si les résultats ne bénéficient qu’à une petite élite, celle que Susan George (présidente d’honneur d’Attac – NDLR) appelle « la classe de Davos », c’est-à-dire les possédants. Nous vivons encore dans un monde où les possédants ont encore droit à tous les bénéfices et où les possédés ne savent pas suffisamment résister.

Vous concluez sur la nécessité de dépasser la confrontation des idéologies. Face aux oligarchies financières, notamment, ne faut-il pas s’appuyer sur un socle idéologique solide ?

Stéphane Hessel. Nous avons la chance d’avoir l’Organisation des Nations unies, fondée sur une charte qui affirme un certain nombre de libertés et de droits pour tous. Il faut lui donner d’avantage de force. Nous avons besoin d’une gouvernance mondiale, non pas d’un État mondial qui serait une absurdité, mais d’une coopération entre États qui se fonde sur un socle démocratique. En s’appuyant sur ses institutions, en leur donnant l’autorité nécessaire, on pourra enfin mettre un terme aux conflits et remplacer la violence par la non-violence. Face à la violence des affrontements entre États, voire entre cultures, entre religions ou civilisations différentes, entre idéologies qui se combattraient, il faut au contraire s’orienter vers la négociation pensée par des hommes comme Mandela, Martin Luther King, Gandhi ou d’autres. L’une des raisons majeures qui devraient nous amener vers la solidarité et l’interdépendance, c’est le risque que court la planète. Nous vivons une époque où si l’on ne fait pas tous ensemble un effort écologique, dans cinquante ou cent ans, la planète ne sera plus viable pour les sociétés humaines.

Entretien réalisé par Lina Sankari

  • Lire aussi :

En 2008, à l’occasion des 60 ans de la déclaration des roits de l’homme, Stéphane Heesel répondait à l’Humanité : « La Déclaration universelle des droits de l’homme nous a enthousiasmés »

En 2007, sur l’image hors de nos frontières la politique d’immigration française : « Une loi contraire aux valeurs traditionnelles de la France »

Les formidables paroles d’insurrection et d’espérance du résistant Stéphane Hessel. Par Charles Silvestre