ISRAËL-PALESTINE • Et si Marwan Barghouti avait de nouveau raison ?

Depuis sa cellule, Marwan Barghouti, le plus important dirigeant palestinien du Fatah emprisonné en Israël, a fait en Mars 2012 une déclaration inhabituelle en appelant son peuple à entamer un soulèvement populaire contre Israël, à interrompre les négociations et à suspendre la coordination sécuritaire. Jérusalem ferait bien de l’écouter. Barghouti, qui purge cinq peines de prison à vie, est un des initiateurs de la deuxième Intifada. Avant que cette dernière n’éclate, il avait averti Israël qu’elle était imminente. A l’époque où il était encore un dirigeant épris de paix, populaire et non violent, Barghouti avait fait la tournée des partis sionistes israéliens et des faiseurs d’opinion pour les exhorter à conclure un accord avec les Palestiniens sous peine de voir éclater un nouveau soulèvement. Ses paroles étaient restées lettre morte et une terrible Intifada avait explosé. Barghouti y avait joué un rôle clé.

De sa cellule, Barghouti peuBarghouti 03t désormais observer le gel total des négociations et l’immobilisme d’Israël : les dossiers de l’occupation et de la paix ont disparu de l’agenda israélien. Et il appelle de nouveau son peuple à se soulever. On peut le comprendre. Si Israël avait voulu d’un accord avec les Palestiniens, il aurait dû libérer Barghouti, le dirigeant le plus authentique du Fatah. Israël a choisi de ne pas le libérer, pas même dans le cadre d’un échange de prisonniers. Quant à l’occupation, nous avons tendance à considérer que, si l’on n’en parle plus, elle n’existe plus. Cette approche pourrait bientôt nous exploser à la figure. En pensant que cette situation peut durer éternellement, le gouvernement nous mène vers un autre cycle de violence. Barghouti préconise aujourd’hui une opposition non violente et nous devrions l’écouter avant qu’il ne soit trop tard. Si un troisième soulèvement éclate, Israël ne pourra plus feindre la surprise. Barghouti nous aura avertis.

René Backmann écrivait dans le Nouvel Observateur, le  2 avril 2012 : « Celui que le pacifiste israélien Uri Avnery a baptisé « le nouveau Mandela » bénéficie en Palestine d’une popularité de héros national. Selon un sondage rendu public le 19 mars, il l’emporterait avec 64% des voix s’il était confronté, dans un scrutin présidentiel, au « Premier ministre » du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Face au même adversaire, Mahmoud Abbas n’obtiendrait que 53% des suffrages. « Si Israël avait voulu un accord avec les Palestiniens, le gouvernement aurait libéré Barghouti, écrivait la semaine dernière l’éditorialiste de Haaretz. Il est le dirigeant le plus authentique que le Fatah ait produit et il pourrait conduire son peuple à un accord. Contrairement à ce que nous avons fait auparavant, nous devons l’écouter avant qu’il ne soit trop tard. Si un troisième soulèvement éclate, Israël ne pourra pas feindre la surprise.  Barghouti nous a prévenus ».

HOMMAGE à Fernand TUIL

HOMMAGE à Fernand TUIL

Co-président de l’Association des Villes Jumelées avec les Camps Palestiniens

Fernand Tuil Avion 01 2013

Fernand Tuil, Président de l’Association des Villes Jumelées avec les Camps Palestiniens, combattant pour la Paix avec Israël et contre l’apartheid du Peuple Palestinien était l’invité de la ville d’Avion pour la cérémonie des Vœux de la municipalité pour la population en Janvier 2013. Il vient de nous quitter ce Mardi 24 Décembre 2013 d’une longue et difficile maladie. Il proposa ce jour là que notre ville fasse citoyen d’honneur de la ville d’Avion Marwan Barghouti, emprisonné en Israël depuis 10 ans ce qui se réalisa par un conseil municipal extraordinaire le Samedi 2 Février 2013.

Son combat pour la Paix c’est aussi le notre ! Fernand Tuil, citoyen du Monde, de nationalité à la fois Française, Israélienne et Palestinienne, par son exemple, nous a transmis cette volonté de poursuivre le combat des justes pour les droits des peuples palestiniens et israéliens à vivre cote à cote dans la Paix dans 2 États ayant leurs pleins droits démocratiques !


Voici un extrait de son intervention à la cérémonie des vœux de la ville d’Avion  :
« En qualité d’invité d’honneur Monsieur Fernand Tuil, Président National de l’Association de Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF), a pris la parole. « …« Je veux vous parler de la lutte du peuple palestinien. Je voudrais remercier Jacques Robitail et Jean-Marc Tellier qui, il y a 10 ans, m’ont permis de les rencontrer et de prendre la décision de faire une coopération avec un camp de réfugiés palestiniens, au Liban, le camp de Bourj El Barajneh. Je tiens à dire qu’à l’époque de la seconde guerre mondiale, on donnait une décoration à ceux qui cachaient des juifs dans leurs caves ou chez eux. Et bien moi, Fernand Tuil, Palestinien de nationalité, les justes, ce sont eux deux aujourd’hui, ils méritent ce titre, parce que par leur courage politique ils ont osé dire oui. Nous n’oublions pas le peuple Palestinien qui est en train de vivre un désastre, un malheur, qui est en train d’être broyé, qui est en entrain aussi d’être déshumaniser. Grâce à des maires courageux comme le maire d’Avion, de Méricourt et d’autres, nous avons réussi à jumeler 75 villes françaises avec des camps Palestiniens… J’ai une demande particulière très importante à faire. Cette demande, je veux la faire à votre maire. Je veux lui demander s’il accepterait de nommer Marwan Barghouti, député Palestinien emprisonné, un député qui est pour la paix dans cette région du monde. Une vingtaine de villes ont décidé de le nommer citoyen d’honneur. Je demande officiellement à votre maire qu’il donne la citoyenneté d’honneur à Marwan Barghouti comme d’autres villes l’ont fait… Je vous dis de continuer à vous battre, de respecter le droit à la différence de chacun, c’est quelque chose qui va nous faire évoluer. Nous n’avons pas besoin de haine, nous avons besoin d’amour. Merci à vous… »
http://www.ville-avion.fr/La-ceremonie-des-voeux-a-la.html
http://www.ville-avion.fr/Le-depute-Marwan-Barghouti-a-ete.html

LES PREMIERES REACTIONS EN FRANCE CI-DESSOUS

http://www.humanite.fr/politique/fernand-tuil-nous-quittes-555965

Fernand Tuil Avion 01 2013 bisFernand TUIL au coté de Jean Marc TELLIER, Maire et Conseiller Général D’AVION

Lors du Conseil Municipal Extraordinaire votant à l’unanimité

Marwan Barghouti, Député Palestinien

Citoyen d’Honneur de la Ville d’Avion


http://www.ville-avion.fr/IMG/pdf/presentation.pdf


Délégation AJPF en Palestine-22 au 28 avril… par Educla2

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 Barghouti Présentation <===Cliquer ici

L’événement Facebook et Partagez : https://www.facebook.com/events/369125016518730/

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QUI EST MARWAN BARGHOUTI ?

Le monde qu’il découvre à sa naissance le révolte et il entre dès l’âge de 15 ans au Fatah. Il est emprisonné par les Israéliens en 1976 au cours d’une manifestation. À sa sortie d’incarcération, il entre à l’Université où il obtient une maîtrise en histoire, une autre en science politique et un diplôme de 3ème cycle en relations internationales.

Organisateur hors pair et homme de terrain très apprécié pour ses qualités d’orateur, il est l’un des principaux initiateurs de la 1ère Intifada en 1987, mais il est très vite arrêté par l’armée israélienne et expulsé en Jordanie. Il ne peut revenir d’exil qu’après la signature des accords d’Oslo en 1994. Il est élu au Conseil législatif de Palestine en 1996 où il défend la nécessité d’une paix avec Israël et devient secrétaire général du Fatah pour la Cisjordanie. Le 28 septembre 2000, la provocation d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées lance la 2ème Intifada.

Après une tentative d’assassinat de l’armée israélienne dont il faillit être victime, il est capturé par Israël le 15 avril 2002. Soutenant les attaques armées contre l’occupation israélienne, il rejette les attaques contre des civils sur le territoire d’Israël. Il est condamné le 20 mai puis le 6 juin 2004 à la réclusion à perpétuité et à 40 années d’emprisonnement.

Pour réaliser la paix, les Palestiniens ont besoin d’unité nationale, autant que les Israéliens ont besoin d’un consensus pour leur retrait. L’homme qui symbolise l’espoir d’unité chez les Palestiniens est Marwan Barghouti. Depuis sa prison, il lance un APPEL A L’ UNITÉ DES PALESTINIENS signé par des membres de chaque organisation palestinienne appelé « DOCUMENT DES PRISONNIERS »

Maître Gisèle Halimi, avocate de Marwan, voyant dans le prisonnier « Un symbole de la lutte contre l’occupation », elle l’a comparé comme Uvi Avnery, israélien pacifiste, à Nelson Mandela, « lui aussi emprisonné pour avoir lutté contre cette honte de l’humanité qu’était l’apartheid ».

« Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre opprimé défend : le droit de m’aider en l’absence de toute aide venant d’ailleurs. »


36e congrès du PCF – Hael Al Fahoum… par CN-PCF

 

STEPHANE HESSEL EST INDIGNE PAR LA STRATÉGIE DES GOUVERNANTS ISRAÉLIENS !

Pierre Laurent : Discours au Monument de la PAIX – (Avion)

Avion monument aux morts

Pierre Laurent
Discours au Monument de la paix
Avion (Pas-de-Calais)
9 novembre 2013

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Cher-e-s ami-e-s,
Cher-e-s camarades,

C’est avec émotion que je prends la parole devant vous, devant ce monument aux morts érigé en 1927, ce monument aux morts pacifiste, sur lequel est inscrite la fameuse sentence biblique : « Tu ne tueras point » ; inscription que les autorités de l’époque voulurent interdire.

Après avoir visité la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, le Flambeau de la paix de Neuville-Saint-Vaast, le Centre européen de la paix à Souchez, je ne peux qu’être traversé par l’émotion et réfléchir, avec vous, à cette guerre, à ses conséquences, aux choix qui ont été faits par les uns et par les autres en 1914.

Et je ne peux que réfléchir au monde d’aujourd’hui, un monde tellement différent et pourtant hanté par le spectre de la guerre.

Le Parti communiste français s’engage avec cette première journée d’initiatives dans le Pas-de-Calais dans une année de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale où nous entendons bien faire entendre la voix de la paix.

[quote align= »center » color= »#999999″]

Oui, la guerre nous n’en avons pas voulu hier, et notre parti est né de ce refus.

Oui, la guerre nous n’en voulons pas, ni aujourd’hui, ni demain.

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Henri Barbusse, dans Le feu dont le récit se déroule en partie sur la fameuse cote 119 que nous avons entrevue ce matin, écrit »: « Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait ! »

Oui, la Première Guerre mondiale fut une extraordinaire boucherie : 10 millions de morts, 20 millions de blessés.

Regardez la longue liste sur ce monument, elle n’en finit pas. La jeunesse de ce pays fut fauchée, des familles entières décimées. La France mit des décennies à s’en remettre. Sur ce monument, plus de 400 noms de militaires et de civils sont inscrits pour une population de plus de 10 000 habitants en 1914.

Des morts, des veuves, des orphelins, des invalides, des malades, des « gueules cassées ». Que de souffrances dans les corps, dans la chair et dans les esprits.

En lisant cette liste, nous  pensons à toutes les victimes militaires de la Première Guerre mondiale, quelle que soit leur nationalité: 1 400 000 Français, 2 millions d’Allemands, 1 800 000 Russes, 1 100 000 Austro-Hongrois, 650 000 Italiens… Je pourrais continuer longtemps.

Et comment ne pas penser aux troupes coloniales embarquées comme chair à canon, et auxquelles on a mis si longtemps à rendre hommage, entraînées dans un conflit qui ne les concernaient pas : près de 100 000 morts pour les seules colonies françaises.

Tous furent victimes d’une guerre injuste et inhumaine.

Alors qu’on ne compte pas sur nous pour tomber aujourd’hui dans une sorte de nouvelle Union sacrée qui commémorerait cette guerre comme s’il s’agissait de notre guerre, d’une guerre qui aurait prétendument rassemblé le peuple français.

Unis dans le refus des guerres, hier comme aujourd’hui, nous n’oublions les causes singulières historiques et politiques qui les provoquent. Nous ne croyons pas aux hommages fourre-tout qui mettent un trait d’égalité entre elles, comme si toutes, celle de 1914-1918, les guerres coloniales, la guerre contre le nazisme, n’étaient qu’un magma indifférencié.

Se souvenir, c’est comprendre et en tirer des leçons. Nicolas Sarkozy, suivi par François Hollande, ont transformé le 11 novembre en une journée d’hommage aux morts français de toutes les guerres. Cette confusion risque fort de transformer cette journée de mémoire en une journée de l’oubli.

20131109_161222[quote align= »center » color= »#999999″]Pour notre part, nous n’oublierons pas que la boucherie de 1914-1918 fut une terrible guerre impérialiste et que toutes ses victimes doivent être honorées au nom du refus de cette innommable boucherie.[/quote]

A ce propos, et devant ce monument aux morts pacifiste, je veux évoquer ceux que l’on appelle les « fusillés pour l’exemple ». 2 500 condamnations furent prononcées, et plus de 650 hommes furent fusillés, auxquels il faut ajouter les morts par exécution sommaire.

Il est temps de décider maintenant clairement, sans ambiguïté, la réhabilitation collective des « fusillés pour l’exemple »et de les inscrire aussi sur les monuments aux morts.

C’est ce que prévoit la proposition de loi déposée par le groupe communiste en janvier 2012.

Il faut que ce combat d’un siècle, porté par le PCF et des organisations comme l’ARAC, La Libre Pensée et la LDH, aboutisse enfin.

Jeudi, François Hollande a annoncé qu’une place leur serait faite au Musée de l’armée aux Invalides et que leurs dossiers de justice seront numérisés et rendus accessibles. C’est tout un petit pas en avant, bien insuffisant.

Le sondage publié par L’Humanité indique que 75 % des Français sont prêts à la réhabilitation collective de ces fusillés.

La déclaration présidentielle ne suffit pas, il faut un acte législatif comme le propose notre projet de loi. C’est au Parlement de s’exprimer, il y a une majorité pour le faire, la parole présidentielle ne peut clore cette question majeure. Le Parti communiste français prendra donc cette année toutes les initiatives nécessaires pour soutenir ce projet et le faire aboutir. 2014 doit être l’année de la réhabilitation de ces hommes injustement fauchés par la barbarie militaire.

La réhabilitation au cas par cas n’est pas possible non seulement parce qu’une partie des dossiers judiciaires a disparu mais aussi parce que ces soldats furent, comme les autres combattants, les victimes d’une guerre injuste, d’un commandement souvent défaillant.

Un siècle après, il est temps de réparer l’injustice faite à ces hommes, à leurs familles.

On nous dit que l’on ne pourrait mêler aux combattants certains de ces fusillés qui seraient des espions ou des criminels de droit commun. On préfère donc l’injustice pour le plus grand nombre pour ne pas se tromper sur quelques cas.
Réhabilitons et ensuite s’il y a des cas avérés de criminels –mais il faudra le prouver, ils en seront exclus.

Cette guerre fut une guerre injuste, elle ne fut pas celle du droit mais celle des affrontements et des rivalités nationalistes et impérialistes qui n’avaient rien à voir avec l’intérêt des peuples.

Les grandes puissances impérialistes se sont affrontées pour des parts du gâteau colonial, des territoires et leurs richesses. Elles s’étaient engagées pour cela, déjà, dans une folle course à la militarisation, au surarmement. Les marchands de canons avaient préparé cette guerre, ils la voulaient, ils l’ont eue, ils avaient construit un système d’alliances, non pas défensif, mais pour la guerre.

Les gouvernements et les forces de l’argent attisèrent les haines nationalistes pour diviser les peuples, les détourner de la lutte des classes -qui grondait partout en Europe-, pour les conduire au grand affrontement, à la grande boucherie.

En 1914, ce qui était à l’ordre du jour, c’était, déjà, la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail, l’égalité entre les hommes et les femmes, ce n’était pas d’aller à la guerre.

Travailleurs et paysans voulaient le pain, le fruit de leur labeur, pas la guerre.

La bourgeoisie a su exacerber les haines, monter les peuples les uns contre les autres, pour dévier les peuples de la lutte pour un monde meilleur, elle a su les entraîner dans une voie sans retour, que des millions d’hommes paieront de leur vie.

C’est une leçon à l’heure où tant de forces, à commencer par l’extrême-droite de Marine Le Pen, s’emploient à distiller le poison du rejet de l’autre, quand face à la crise.

Jean Léon Jaurès 01[quote align= »center » color= »#999999″]Rien ne devrait nous faire oublier que notre voisin, proche ou lointain, est toujours un travailleur, une sœur ou un frère d’humanité. Et c’est pour cela qu’ils ont tué Jaurès le 31 juillet 1914.[/quote]

Le fondateur de L’Humanité, le parlementaire, le leader socialiste n’avait eu de cesse de s’opposer à la guerre. Inlassablement, il cherchait les moyens de la conjurer en organisant une riposte internationaliste avec les socialistes allemands.

Ce n’est donc pas seulement un militant exalté de l’Action française, cette organisation royaliste, antisémite, nationaliste et d’extrême-droite qui l’a tué mais bien tous ceux qui ne voulaient pas de la paix et de la fraternité entre les peuples.

Sa mort a totalement désorganisé le mouvement socialiste et syndical à tel point que face à l’offensive allemande, leurs chefs se sont ralliés à l’Union sacrée et à la guerre.

Il en fallait du courage pour résister à l’esprit de guerre pendant l’été 1914 et il vrai qu’au niveau politique seule une petite minorité s’est opposée à la guerre, mais dans le peuple contrairement à la légende de la fleur au fusil, très vite le refus de la guerre a progressé. On ne peut expliquer autrement que le nombre d’exécutions et l’ampleur de la répression pour indiscipline et refus de guerre furent à leur paroxysme au cours des deux premières années du conflit.

Ce refus souterrain, individuel, gagna en force politique quand, en Russie en 1917, la révolution retentit pour dire non à la guerre ; comme en France, comme en Allemagne des mutineries éclatèrent.

On comprit dès lors dans les rangs socialistes qu’il n’était pas possible de rester au gouvernement de guerre.

Progressivement la minorité pacifiste s’imposa au sein du parti socialiste, sut rallier des partisans honnêtes de la guerre et qu’ainsi l’ancienne majorité fut renversée. C’est ce qui conduisit à la création majoritaire à Tours de notre parti, le parti communiste.

Le PCF naquit ainsi des braises mêlées des luttes ouvrières et paysannes en France, de l’espoir né de la Révolution russe, du non à la collaboration de classe et du non à la guerre.

Nous pouvons être fiers de tous ces communistes qui créèrent alors le PCF pour rompre avec le socialisme de guerre : les Paul Vaillant-Couturier, André Marty, Charles Tillon qui allèrent même jusqu’à se mutiner quand la France poursuivit sa guerre mondiale, en 1919, en agressant la Russie révolutionnaire, les Duclos, les Thorez… La liste est longue de ceux qui dirent oui au communisme pour dire non à la guerre.

20131109_163025[quote align= »center » color= »#999999″]Oui, aujourd’hui comme hier, en nous souvenant que celle que l’on appelle la « Grande Guerre » fut le premier désastre humain et social du XXe siècle, nous clamons : « Plus jamais la guerre ! »[/quote]

Mais nous le savons aussi. Il n’y a pas de « leçons » mécaniques à tirer comme si la simple connaissance des faits historiques et les automatismes de la mémoire pouvaient nous garantir ce « plus jamais ça » et une paix définitive.

On sait par expérience que ce n’est pas le cas.

Le XXe siècle dans sa totalité, ce siècle tragique que certains appellent un « siècle de fer et de sang », nous le rappelle avec ses 80 millions de morts, le génocide nazi, les massacres et les guerres coloniales.

Et le XXIe siècle s’ouvre dans un monde totalement différent où le fléau de la guerre n’a pourtant pas disparu.

La violence politique reste aujourd’hui une réalité. Une nouvelle course aux armements pousse à une militarisation à des niveaux jamais atteints avec des dépenses militaires inégalées : 1 750 milliards de dollars en 2012.

La guerre est toujours là. Elle prend d’autres formes. Elle a d’autres causes. Même si l’on rencontre encore et toujours cette mensongère et désolante thématique de « guerre juste ».

Il n’y a pas de guerre juste. Il y a des résistances légitimes.
Il y a des luttes armées, et des pratiques de terreur qui ne le sont pas.

Mais la guerre, aujourd’hui comme hier, reste le moyen privilégié d’imposer par la force sa propre logique et ses propres intérêts à d’autres.

Aujourd’hui comme hier, la guerre et la violence politique se nourrissent du terreau du sous-développement, des injustices sociales, des stratégies de domination.

Elles sont le fruit des crises et du mépris des attentes populaires. Elles sont le résultat des politiques hégémoniques et des ambitions néo-impériales.

La guerre alimente un terrorisme qu’elle prétend combattre.

Elle reste l’expression d’une recherche de la domination et de la prédation économique. Elle continue d’affirmer des hiérarchies dans les souverainetés au sein d’un monde capitaliste ultra-concurrentiel où l’accès aux ressources, aux matières premières, à l’énergie figure parmi les non-dits des buts réels de la guerre.

Voilà pourquoi les communistes refusent la guerre, refusent les guerres.

Notre parti, je l’ai dit, est né du rejet de la Première Guerre mondiale. Notre histoire, au-delà des vicissitudes politiques, est une histoire anti-guerre, une histoire du combat pour le désarmement, pour la démilitarisation des relations internationales, pour la paix. Nous en sommes fiers.

Ce combat pour la paix n’est pas, et n’a jamais été pour nous, la seule volonté de bannir la guerre comme moyen de règlement des différends. Nous n’oublions pas, cependant, que l’interdiction du recours à la force est un principe majeur du multilatéralisme appartenant à l’Organisation des Nations unies.

Et cette dernière est bien le fruit des deux guerres mondiales du XXe siècle, après l’échec de la Société des nations, la SDN, issue du Traité de Versailles de 1919.73990869_1

Ne sous-estimons pas cette exigence de l’interdiction du recours à la force même si elle est bafouée en permanence. Son existence même, comme principe, rappelle que ce qui est juste et légitime c’est le règlement politique des conflits, donc le droit dans ses différentes formulations, et le politique dans la dignité qu’il devrait conserver en toute circonstance.

Nous avons eu l’opportunité de rappeler cette réalité en particulier lors de toutes les guerres qui ont dramatiquement marqué l’actualité depuis la chute du Mur.

Mais pour le Parti communiste français, la paix n’est pas, et ne peux pas être seulement, l’absence de guerre.

C’est surtout une conception du développement dans toutes ses dimensions, ce sont les conditions de ce que les Nations unies ont appelé, dès 1994, une sécurité humaine.

C’est la satisfaction des besoins sociaux, la lutte contre les inégalités et les injustices, le respect des indépendances, la maîtrise des choix nationaux, la coopération et les solidarités nécessaires face aux nouveaux défis mondiaux…

Construire la paix, c’est construire un autre monde, une autre Europe, une autre configuration des relations internationales, c’est construire les conditions d’une sécurité internationale, sociale, écologique, civile, humaine…

C’est la vision d’un nouvel ordre international. C’est un combat populaire et citoyen de tous les instants dans le rassemblement et l’unité de toutes les forces progressistes et démocratiques, y compris avec celles des peuples du Sud, notamment du monde arabe et d’Afrique.

Il est consternant de voir pourtant que la seule idée et perspective avancée par la plupart des dirigeants et des forces politiques françaises, comme réponse aux enjeux du monde actuel, est la constitution d’une Europe de la défense liée à l’Otan, dans la continuité des politiques de puissance et de militarisation… C’est à croire que l’on n’a finalement rien appris !

Un monde de paix et de sécurité pour les peuples suppose des engagements prioritaires et cruciaux. Je pense en particulier au désarmement nucléaire.

L’arme nucléaire caractérise cette période terminée de l’affrontement stratégique des blocs dans la deuxième partie du XXe  siècle. Elle constitue une menace pour l’existence même de l’humanité. C’est une arme qui tend à proliférer malgré les traités et les discours.

À ceux qui prétendent que la théorie de la dissuasion constituerait la garantie que l’arme nucléaire ne sera pas utilisée (alors qu’elle l’a déjà été !), nous répondons que la meilleure garantie du non-emploi de l’arme nucléaire est un engagement résolu, multilatéral, c’est-à-dire international, pour la réduction maximale de la menace qu’elle représente, pour aboutir progressivement à son élimination totale et universelle.

C’est d’ailleurs le sens du Traité de non-prolifération signé par tous les États de la planète –à l’exception d’Israël, du Pakistan et de l’Inde.

La France devrait user de son autorité morale et de son rôle comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu pour prendre des initiatives en ce sens, sur l’arme nucléaire comme sur toutes les armes de destruction massive.

Notre pays fut un des principaux champs de bataille de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième.

Il est une des principales puissances nucléaires. Ses autorités politiques portent une responsabilité directe et connue dans la prolifération nucléaire.

La France a donc une responsabilité. Elle doit l’assumer avec d’autres, avec tous les autres États. Car le désarmement et la paix constituent bien une responsabilité collective devant l’histoire et, surtout, devant l’avenir. Personne, aucun pays, ne peut se croire exonéré de cette nécessité.

Voilà l’esprit avec lequel nous organiserons durant toute l’année qui vient une multitude d’initiatives.

Je souhaite que, dans chaque département de France, notre parti soit à l’initiative d’évènements utiles au débat national.

Nous tiendrons au printemps une grande exposition au siège de notre parti à Paris. Intitulée « Putain de guerre », elle présentera 100 planches originales du dessinateur Jacques Tardi .

Nous tiendrons d’autres évènements au siège national du Parti, des évènements européens dans le cadre des élections européennes, ainsi qu’une soirée autour de l’écrivain Henri Barbusse, Prix Goncourt 1916 pour son roman « Le Feu ».
Nous participerons à des rencontres et des initiatives à Verdun, à Sarajevo et ailleurs ; évidemment, avec L’Humanité, nous célébrerons Jean Jaurès.

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[quote align= »center » color= »#999999″]Oui, cent ans après, il est temps de se souvenir et de s’engager résolument pour notre futur, pour une autre vision de l’Europe et du monde.

Pour la paix et la solidarité.

[/quote]

L’ancien résistant Stéphane Hessel est mort

Hessel 01Résistant, déporté, diplomate et corédacteur de la Déclaration des droits 
de l’homme Stéphane Hessel est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 95 ans. Nous vous proposons un entretien qu’il avait accordé à l’Humanité, le 31 décembre 2010 à l’occasion de la publication d’ Indignez-vous !.

Né en 1917 à Berlin, il était arrivé enfant en France et a été naturalisé en 1937. Résistant, déporté, ambassadeur, Stéphane Hessel était notamment connu pour ses prises de position concernant les droits de l’Homme, le droit d’asile, l’accueil des migrants et le Proche-Orient. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, cet ami personnel de Pierre Mendès-France et Michel Rocard avait fait carrière dans la diplomatie, notamment aux Nations-Unies. Plus récemment, il a été membre du collège des médiateurs pour les sans-papiers en 1996. Son petit ouvrage Indignez-Vous !, défendant l’esprit de résistance, paru en 2010, a connu un retentissement mondial, traduit dans de nombreuse langues et tiré à plusieurs millions d’exemplaires.

Comment recevez-vous le succès de ce livre ? Répondait-il 
à un besoin qui sied 
à la période ?

Stéphane Hessel. J’ai été naturellement surpris et même émerveillé par le succès de ce petit pamphlet. Je l’explique par le fait que nous vivons un moment de relative angoisse, on ne voit pas bien où nous allons. Nous avons la claire conscience que nous sommes au milieu – et non pas à la fin – d’une grave crise de l’économie néolibérale sans régulation, il est donc normal de se poser des questions sur la raison des dysfonctionnements de nos sociétés. Lorsque l’on vit dans des sociétés qui fonctionnent mal, la première chose que nous avons envie de faire, c’est de nous indigner. On se souvient que, dans d’autres périodes de notre histoire, il fallait aussi s’indigner si l’on ne voulait pas subir l’occupation étrangère de la France, ou dans des situations de pénurie passive.

La dette ou l’absence de financement sert souvent d’argument à la remise en cause des conquêtes sociales de la Libération. Comment le Conseil national de la Résistance (CNR) est-il parvenu à construire ces socles dans le contexte d’une Europe ruinée ?

Stéphane Hessel. Il faut tout d’abord se souvenir que le programme du CNR a été élaboré dans la clandestinité par des gens qui n’avaient aucune capacité politique autre que la réflexion et la proposition. Grâce à cette relative liberté de réflexion, ils se sont posé le problème de savoir comment la France, une fois libérée, pourrait donner à notre pays un ensemble de valeurs et de politiques qui correspondraient à ce que les résistants souhaitaient. C’est vraiment la base d’une social-démocratie qui tienne le plus grand compte des libertés fondamentales, de la lutte contre les féodalités économiques excessives, contre une presse menée par un gouvernement de Vichy. Ces valeurs se sont-elles dégradées ? Manifestement. Et c’est la logique de l’indignation. Il n’y a pas de raison que la France de 2010 n’ait pas les moyens nécessaires car elle dispose de ressources considérables, de richesses bien plus grandes que celles de 1945. Malgré cela, les conquêtes sur lesquelles on pouvait compter n’ont pas été réalisées. Cela doit constituer les bases de la réflexion et susciter le sentiment qu’il y a à faire. Il faut d’abord s’indigner mais ne pas s’arrêter là. Il faut se poser une question : comment faire pour que les choses changent ? Nous avons besoin d’une nouvelle direction du pays, celle mise en place depuis 2007 n’est pas satisfaisante mais il faut savoir ce que l’on peut proposer d’autre. Cela vaut pour l’Europe et le monde entier. Et notamment pour les régions les plus frappées par la crise ou par des conflits… On pense naturellement aux Palestiniens, aux Sahraouis, à des peuples qui, contrairement à ce que réclame la charte des Nations unies, ne disposent pas encore d’un État et dont l’autodétermination n’est pas encore réalisée.

Vous appelez à plus de justice et de liberté mais, 
dites-vous, « pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler ». Est-ce à dire 
que sans égalité, ni fraternité, la liberté n’est rien ?

Stéphane Hessel. La liberté est à la fois l’une des données les plus fondamentales et les plus précaires. Une liberté n’a de sens que si elle assure une égalité des droits et donc une solidarité. Cela renvoie à notre belle devise qui doit se concevoir comme un tout. La liberté qui régit de plus en plus l’économie financiarisée, mise à la disposition de quelques possédants et non pas rendue compatible avec l’égalité et la fraternité, a déjà causé des dégâts considérables.

Vous évoquez le rôle 
de Sartre dans la formation de votre pensée et cette phrase : « Vous êtes responsables 
en tant qu’individus. » 
Quelle est, alors, 
la place du collectif ?

Stéphane Hessel. Les structures politiques ou économiques, qui régissent actuellement les sociétés humaines, sont en grande difficulté. Elles ne sont pas équipées pour résoudre les nouveaux problèmes qui se posent : la protection de la planète et les écarts croissants de richesses. On ne peut plus s’en remettre aux pouvoirs existants, il faut que les citoyens se mobilisent dans des organisations non gouvernementales dont les manifestations sont de plus en plus internationales, c’est le cas des grands forums sociaux. Voilà la voie à suivre pour que, collectivement, ce soient les citoyens – et non pas les structures en place – qui ouvrent le chemin d’une rénovation nécessaire du fonctionnement de l’économie mondiale.

Vous citez également Hegel, 
le sens de l’histoire et ses chocs successifs. Considérez-vous que la démocratie 
est actuellement sous le coup de régressions ?

Stéphane Hessel. Il faut se dire que la démocratie est un programme qui n’est malheureusement pas encore accompli. La Déclaration universelle des droits de l’homme dit en toutes lettres que ces droits ne peuvent être réalisés que dans le cadre de d’un régime démocratique qui doit résister à toute forme de tyrannie, de totalitarisme ou d’oppression. Il ne faut pas sous-estimer les progrès auxquels nous faisons face notamment en Amérique latine ou en Europe. C’est néanmoins insuffisant car ces démocraties ne se défendent toujours pas suffisamment contre l’emprise du capitalisme financier. C’est là-dessus que doivent porter les efforts des individus.

À propos de la rédaction 
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, vous revenez sur l’hypocrisie de certains vainqueurs dans leur adhésion à ces valeurs. Comment cela a-t-il joué dans leur application, selon vous ?

Stéphane Hessel. La notion d’hypocrisie est importante pour voir comment les gouvernements et peut-être aussi les grandes entreprises disent tendre vers les droits et l’égalité, vers un progrès de l’économie qui bénéficierait à tous et notamment aux plus pauvres. En réalité, ils s’arrangent pour garder le pouvoir même si ce pouvoir ne répond pas aux besoins des citoyens. Elles veulent également conserver l’emprise économique même si les résultats ne bénéficient qu’à une petite élite, celle que Susan George (présidente d’honneur d’Attac – NDLR) appelle « la classe de Davos », c’est-à-dire les possédants. Nous vivons encore dans un monde où les possédants ont encore droit à tous les bénéfices et où les possédés ne savent pas suffisamment résister.

Vous concluez sur la nécessité de dépasser la confrontation des idéologies. Face aux oligarchies financières, notamment, ne faut-il pas s’appuyer sur un socle idéologique solide ?

Stéphane Hessel. Nous avons la chance d’avoir l’Organisation des Nations unies, fondée sur une charte qui affirme un certain nombre de libertés et de droits pour tous. Il faut lui donner d’avantage de force. Nous avons besoin d’une gouvernance mondiale, non pas d’un État mondial qui serait une absurdité, mais d’une coopération entre États qui se fonde sur un socle démocratique. En s’appuyant sur ses institutions, en leur donnant l’autorité nécessaire, on pourra enfin mettre un terme aux conflits et remplacer la violence par la non-violence. Face à la violence des affrontements entre États, voire entre cultures, entre religions ou civilisations différentes, entre idéologies qui se combattraient, il faut au contraire s’orienter vers la négociation pensée par des hommes comme Mandela, Martin Luther King, Gandhi ou d’autres. L’une des raisons majeures qui devraient nous amener vers la solidarité et l’interdépendance, c’est le risque que court la planète. Nous vivons une époque où si l’on ne fait pas tous ensemble un effort écologique, dans cinquante ou cent ans, la planète ne sera plus viable pour les sociétés humaines.

Entretien réalisé par Lina Sankari

  • Lire aussi :

En 2008, à l’occasion des 60 ans de la déclaration des roits de l’homme, Stéphane Heesel répondait à l’Humanité : « La Déclaration universelle des droits de l’homme nous a enthousiasmés »

En 2007, sur l’image hors de nos frontières la politique d’immigration française : « Une loi contraire aux valeurs traditionnelles de la France »

Les formidables paroles d’insurrection et d’espérance du résistant Stéphane Hessel. Par Charles Silvestre

Le CRIF écrit-il les discours de Hollande sur la Palestine ? par Alain Gresh

Finalement, le gouvernement français votera en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien. A reculons, après avoir longtemps hésité, en demandant mille et une garanties à l’Autorité palestinienne. Il est loin le temps où la France défendait une position originale, appelait à l’autodétermination des Palestiniens et au dialogue avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), passant outre aux injonctions des Etats-Unis et d’Israël.

L’information de l’hebdomadaire L’Express ne semble pas avoir suscité de fortes réactions. Dans un article du 8 novembre de Marcelo Wesfreid, « Paul Bernard, la plume de l’ombre de François Hollande », on apprend en quoi consiste le travail de Paul Bernard :

« De l’ouverture de la conférence sociale à l’anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél’ d’Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l’école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d’honneur, quand il ne s’occupe pas d’une préface de livre. »

Qui est donc cet homme de l’ombre ?

« Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n’a pas le parcours type d’une plume. En sortant de Normale-Sup, un DEA sur la littérature de l’époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicité Maurice Lévy. Il participe pour le compte de l’homme d’affaires à la rédaction du rapport commandé en 2006 par le ministre des finances Thierry Breton, sur l’“économie de l’immatériel”, cosigné avec Jean-Pierre Jouyet.

Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (MJLF), un courant du judaïsme progressiste qui s’est notamment illustré en menant campagne pour l’accès des femmes aux fonctions du culte. Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). »

Rappelons que parmi les objectifs du CRIF figure celui de soutenir l’Etat d’Israël. Et que, depuis des années, cette organisation a toujours soutenu toutes les aventures militaires israéliennes, de la guerre contre le Liban en 2006 à celle contre Gaza en 2012.

Mais ne croyez surtout pas que l’homme est de parti pris. Il explique : « Il faut oublier ce qu’on pense et ne pas chercher à peser dans le sens de ses propres idées. »

Imagine-t-on un instant un citoyen français de confession musulmane, engagé dans une association de soutien au peuple palestinien, chargé d’écrire les discours du président de la République ?

Je ne sais pas si M. Bernard cherche ou non à imposer ses propres idées sur le conflit, mais comment ne pas remarquer ce que le président français a dit lors de la conférence de presse avec le premier ministre Netanyahou : « Il y a aussi la tentation pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale de l’ONU ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation (…). Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation en Palestine.  » (Lire, par exemple, « Sur la Palestine, Hollande conforte Netanyahou », L’Humanité, 2 novembre.)

Or c’est, au mot près, ce que disent les dirigeants israéliens depuis des mois (« Statements by Israeli leaders », ministère israélien des affaires étrangères), et qui est repris par le CRIF. On peut aussi se reporter à la déclaration de M. Netanyahou l’an dernier (« B. Netanyahu : “La vérité c’est que les Palestiniens bloquent les négociations” », RTBF, 18 septembre 2011) :

« Mon voyage [aux Nations unies] a un double objectif : faire en sorte que la tentative [des Palestiniens] de contourner des négociations directes échoue (…) La vérité, c’est qu’Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (…). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l’ONU. »

Une simple coïncidence ? Sans doute, et le réalignement de la politique française sur la Palestine dépasse, bien évidemment, le travail de tel ou tel homme de l’ombre.

M. Bernard a aussi rédigé, si l’on en croit L’Express, le discours de Hollande du 1er novembre, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat du 19 mars 2012 (Ecole Ohr Torah – Toulouse). La cérémonie s’est tenue en présence de M. Netanyahou.

« Ces enfants de la France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir. Monsieur le Premier Ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs. C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille. »

Il est donc normal qu’Israël soit concerné par la situation des juifs de France ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne veulent rien avoir à faire avec Israël et qui ne se reconnaissent pas dans cet Etat ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne se reconnaissent pas dans un premier ministre qui mène une politique d’oppression des Palestiniens ?

Il est paradoxal que ceux-là même qui dénoncent l’importation du conflit israélo-palestinien en France invitent le premier ministre d’Israël à une telle cérémonie, favorisant les amalgames nauséabonds entre juifs, sionistes et Israël. Les mêmes qui dénoncent la mobilisation des banlieues ou des musulmans de France en faveur des Palestiniens soutiennent celle des juifs de France (ou de certains d’entre eux) en faveur d’Israël.

Ce « deux poids deux mesures » encourage la montée d’un antisémitisme stupide, qui veut faire croire que les juifs de France disposent d’un statut différent de celui des autres citoyens.

Dans une déclaration du 22 novembre, l’Union française juive pour la paix (UJFP) s’interrogeait aussi pour savoir « Qui représente les Juifs et la “communauté juive” en France ? » et s’inquiétait du soutien inconditionnel du CRIF à l’Etat d’Israël dans son attaque contre Gaza. Cette prise de position contribue davantage à la lutte contre l’antisémitisme en France que toutes les déclarations du CRIF ou de certains de nos responsables politiques (lire aussi la lettre du grand rabbin à l’organisation et la réponse de celle-ci).

Lorsque l’on a un ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui peut proclamer que, par sa femme,« il est lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », nous pouvons nous inquiéter. Valls a tenté d’obtenir la suppression de cette citation, notamment dans sa biographie sur Wikipedia et en demandant à la radio de Strasbourg, sur laquelle il a proféré ces insanités, de les retirer au nom du droit d’auteur. Mais la censure ne peut rien contre Internet.

Dans une tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne (22 novembre), « Un citoyen étonné », Pierre Conesa s’étonne que le président français n’accorde aucune place à certaines des victimes non juives de Merah.

« Avant les assassinats de l’école juive, Mohamed Merah avait exécuté de sang-froid trois parachutistes (le maréchal des logis Imad Ibn Ziaten, 30 ans, et deux militaires du rang, Abel Chennouf, d’origine algérienne, 26 ans, et Mohamed Legouad, Français musulman d’origine algérienne, 24 ans) et avait blessé grièvement à la tête un quatrième (Loïc Liber, 28 ans) les 11 et 15 mars à Toulouse et à Montauban. Aucun membre de ces familles n’a été associé à la visite présidentielle à Toulouse. Qu’en est-il de ces victimes aujourd’hui ?

Le ministre de l’Intérieur avait reçu en octobre, à la préfecture de Haute-Garonne, Hatim Ibn Ziaten, frère aîné du premier soldat tué, à Toulouse, la sœur de Mohamed Legouad et le père d’Abel Chennouf, et leurs avocats. L’avocate Me Maktouf a évoqué “un ras-le-bol, un mal-être insupportables”. L’un de ses clients, Albert Chennouf, perçoit 700 euros de retraite et a déjà dû faire l’avance de 1 700 euros de frais en tant que partie civile. Les avocats de ces soldats veulent avec raison faire reconnaître que les quatre militaires visés sont “morts pour la France”, permettant ainsi une prise en charge partielle de leurs frais de justice et une aide à leurs familles. Ce serait là un signe à l’égard de la communauté maghrébine qui, à travers ces jeunes engagés, a démontré son attachement à la France et a payé un très lourd tribut.

Pour l’heure, le président Hollande n’a pas jugé bon de les recevoir, leur faisant répondre par un courrier d’un conseiller. Sarkozy s’était au moins senti obligé de leur adresser une lettre manuscrite… »

 

Source : Blog du monde diplomatique par Alain Gresh.

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Leïla Shahid: « Notre stratégie non-violente face à Israël est un échec »

La déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union européenne a accordé un entretien poignant à la RTBF. Leïla Shahid estime que le conflit qui se ravive à Gaza sert les intérêts électoraux de Benjamin Netanyahou et pointe la responsabilité de la communauté internationale. Surtout, elle constate l’échec de la stratégie de la négociation avec Israël. « Nous avons commencé à négocier à Madrid en 1990, (…) on a arrêté la lutte armée, (…) et Israël nous a donné une claque », constate-t-elle. « Dites-moi à quoi ont servi les négociations pendant 20 ans? ».

 

Ecoutez ici l’entretien avec Leïla Shahid