La preuve en chiffres de l’indécence des grands patrons

Juste un petit mot pour vous dire mon écœurement de voir dans le JDD du jour 98 grands patrons jouer les pleureuses et lancer un appel à payer moins pour gagner plus.

C’est assez comique je trouve, quand on sait que :

  • en 2012 les sociétés du CAC40 ont versé 37 milliards de dividendes à leurs actionnaires (source)
  • en 2010 les sociétés du CAC 40 ont dégagé des bénéfices d’un montant de près de 83 milliards d’euros (source)
  • le réduction de charges sociales dite « Fillon » coûte de 21 à 23 milliards d’euros par an à l’État (source)
  • l’impôt sur les sociétés payés par les société du CAC 40 représente 8% de leurs bénéfices, loin du taux normal de 33% et alors que les PME en payent à un taux de 22% (source)
  • 17 groupes du CAC 40 ne payent pas d’impôt sur les bénéfices (source)
  • parmi les signataires figure le PDG de Sanofi qui voulait licencier 2500 personnes de son entreprise, ce qui sans l’intervention de Montebourg se serait fait, mais il y a encore malheureusement 900 suppressions de postes (source)
  • en 2010 les allégements de charge ont atteint 30 milliards d’euros et augmenté de 55% entre 2001 et 2010 (source)

Voilà c’était juste ce petit coup de gueule avec des preuves factuelles que les grands patrons n’ont pas à se plaindre puisque ce sont eux et leurs groupes qui bénéficient le plus des largesses de 10 années de droite au pouvoir. Car au final, cet appel est une critique des 10 années d’UMP au pouvoir puisque le PS n’a pour l’instant rien modifié, n’ayant pas eu le temps, en 6 mois, de le faire.

Mais au fait, c’est quoi la dette ?

 

 L’EXEMPLE DE L’ISLANDE ! A MÉDITER !

Mais au fait, c’est quoi la dette ?

Publié : 9 janvier 2013 | Auteur :

Allez je me lance dans ce sujet épineux parce qu’il y a besoin de remettre les points sur les i. Sinon c’est moche un i, on dirait un l atrophié. Il se ferait sacrément avoir, un peu comme nous quand les médias ou les libéraux nous expliquent la dette.

Europe debt crisis

Le bel exemple, c’était Cahuzac face à Mélenchon. Je suis loin du trip groupie ou de la bataille de tweets qui s’organise à chaque émission. Mais c’est effarant de voir comment les plus grosses bêtises passent comme une lettre à la poste dans ce genre d’émission. Ainsi du haut de son perchoir le ministre du budget entonne le refrain suivant : « Votre voisin vous demande 10F, vous lui donnez. Un jour 20F, vous lui donnez. Un jour 50F, 100, 200 ou 1000, vous lui donnez. Et puis si un jour il vient vous voir en vous disant qu’il vous rendra pas tout ça mais qu’il a besoin de 5000 euros. Vous lui donnez ? Non et vous aurez raison ! »

Ce résumé du problème de la dette est séduisant… parce qu’il est simplissime. Mais il est aussi complètement faux. Et je vais essayer de vous expliquer pourquoi…

Au début, était l’argent

Bon, pour comprendre le principal élément de la dette en France et dans beaucoup de pays, il faut revenir à ce qu’est la monnaie dans l’économie. Prenons l’économie la plus simple du monde, allez disons 2 personnes. L’un fabrique des vêtements, l’autre fait pousser des fruits et légumes. Chacun a besoin de l’autre et ils échangent des pulls contre des tomates. Là, pas besoin d’argent. Évidemment, les choses se compliquent quand dans l’économie s’intègre une personne qui fait des outils, l’autre des maisons et disons une dernière qui est médecin. FAIRE-DU-TROC-SANS-DEPENSER-D-ARGENTComment on évalue combien de chaussette vaut une maison ? Ou combien de tomates vaut une visite médicale ? Pour simplifier, on créer de l’argent qui étalonne la valeur de chaque produit. Ainsi, plus besoin de troc, l’argent, en circulant, équilibre les échanges. Evidemment, cela suppose une autorité supérieure qui fixe des règles et qui émet cette monnaie pour que tout le monde ait confiance. Donc l’Etat a un rôle non négligeable dans l’économie, sans même aborder la question des services publics et de la répartition des richesses.

Évidemment, vu la petitesse de l’économie, 100 euros en circulation peuvent largement suffirent à chacun, l’argent circulant entre tous, pour pouvoir participer à l’économie. Mais l’économie grandissant, à la fois dans le nombre d’acteur mais aussi dans la productivité de chacun de ces acteurs (avec les innovations techniques tout ça tout ça), les 100 euros vont très vite être insuffisants pour fluidifier les échanges. Ca s’appelle un manque de liquidité. À ce moment, l’Etat peut émettre de la monnaie pour accompagner le développement de l’économie. Il peut le faire à travers des investissements publics, des grands travaux, des services publics, ou à travers la distribution d’aides sociales diverses. Avoir plus de masse monétaire en circulation stimule les échanges, donc la production. Puis ça enrichit l’Etat via l’impôt également.

veritable-part-dette-budgetCe système contient évidemment quelques biais, parfois les Etats ont immodérément créé de la monnaie pour faire varier sa valeur relative et exporter davantage. Ils ont souvent dévalué brutalement leur monnaie pour éponger une grande part de leur dette etc… Mais rien de fondamentalement grave, excepté quelques exemples isolés. Cette politique a rendu plus de services qu’elle n’a coûté aux populations. Les principaux acteurs qui en pâtissaient étaient les rentiers et les créanciers de l’Etat (souvent les mêmes).

La monnaie-dette

Bon jusque là vous suivez ? Evidemment, la situation n’est pas restée ainsi, pour de bonnes mais surtout pour de mauvaises raisons. En 1973, les Etats mettent volontairement fin à cette pratique. Les banques centrales deviennent progressivement indépendantes et la création monétaire devient essentiellement un acte privé. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Aujourd’hui, les banques centrales comme la BCE sont largement minoritaires dans la création monétaire : autour de 15%. L’essentiel de la création monétaire se fait via les crédits que les banques accordent. Sauf que cette monnaie, elle a 2 inconvénients : elle disparaît, à mesure qu’on rembourse sa dette, et elle génère des intérêts. Or depuis 73, l’économie s’est sacrément développée et les intérêts des dettes publiques, comme privées, ont explosé, au grand bonheur des banquiers. Le résultat ? Au lieu que la création monétaire permette de financer le développement de l’économie, elle sert aux banques à faire du crédit, y compris pour les Etats. La BCE prête aux banques à 1% et les banques prêtent ensuite aux Etats entre 6-7 ou 17% comme en Grèce. Un joli pactole à la clef bien sur !

Le système fonctionne tant et si bien que l’essentiel du problème de la dette publique actuelle, ce sont les intérêts. Comme le montre les schémas, ce sont les intérêts qui plombent l’économie publique, cette obligation stupide d’aller demander aux banques pour un prêt. Donc contrairement à ce que Cahuzac raconte : la France et les pays européens ont largement remboursé leur dette, le reste n’est que le résultat d’un système économique construit pour engraisser une poignée de financiers sur le dos des pays et des ménages.dettes-sans-interet

La dette, c’est chouette aussi

Bien sudette-publique-marianner, cette partie de la dette, il ne faut pas la payer. Faire un gros « fuck » à ces banquiers pour qui la droite et le gouvernement actuel sacrifient le peuple. C’est la plus grosse partie, mais ce n’est pas la seule. Une partie non négligeable de la dette est directement liée aux politiques fiscales néolibérales qui permettent aux plus riches et aux grandes entreprises d’échapper à une grande partie de l’impôt…Celle là, on peut la payer, mais on peut aussi faire une réforme fiscale d’ampleur pour y remédier. Mais genre une bonne réforme fiscale, pas celle dont Cahuzac dit qu’elle a déjà été faite mais qu’on l’a pas vu. Comme si on avait passé une partie de l’année camés au point d’avoir un trou noir dans le débat budgétaire.

En vrai, il y a également une dette chouette. Elle est chouette parce qu’elle fait avancer la société. C’est l’investissement pour le bien commun. Construire des routes, des lignes de chemin de fer, des centres de production d’énergie renouvelable, des écoles, des hôpitaux,… Tout ça, ça coûte un max de tune, et donc on emprunte. On emprunte, c’est vrai, mais on fait avancer la société et au final, on a un retour humain, démocratique et économique. Donc cette dette chouette, nous elle nous gêne pas trop. Pourtant bizarrement, c’est la seule à laquelle s’attaque les libéraux (socio- comme néo-). À croire qu’ils roulent pour les banquiers et les riches…

Voilà ce qu’est la dette selon moi. Et les solutions sont simples : la dette illégitime, on ne la paye pas et on permet à la BCE de prêter directement aux états ; la dette fiscale, on l’endigue à travers une fiscalité plus juste ; la dette chouette, bah on se gêne pas…

Romain JAMMES

CAC 40: ces patrons qui gagnent plus de 240 SMIC


La rémunération des grands patrons du CAC 40 continue de s’envoler jusqu’à des cimes indécentes. Selon une étude publiée ce mardi, ils sont même 14 PDG de grands groupes français (3 de plus qu’en 2010) à avoir touché au moins 4, 6 millions d’euros en 2011.

Le classement de ces grands fortunés, selon l’étude du cabinet Proxinvest,

  1. Maurice Lévy de Publicis, qui « est exceptionnellement en tête avec le versement anticipé de ses bonus différés qui portent à 19,6 M€ sa rémunération totale après 6,2M€ en 2010″
  2. Carlos Ghosn (Renault – 13,3 M€ après 9,7M€, +38%), celui-là même qui tente d’arracher des accords de compétitivité dans ses usines pour baisser le coût des salaires, « dont la rémunération chez Nissan demeure mal définie »
  3. Bernard Charlès (Dassault Systèmes – avec 10,9 M€ après 9,5M€, +15%)
  4. Bernard Arnault (LVMH –10,8 M€ après 9,7M€, +11%), candidat à l’exil fiscal en Belgique
  5. Jean-Paul Agon (L’Oréal) – 7,7 M€ après 10,7M€, -28%)
  6. Christopher Viehbacher (Sanofi-Aventis – 7,1M€ après 6,1M€, +17%), dont l’entreprise dégraisse allégrement en France pour améliorer ses dividendes
  7. Frank Riboud (Danone – 6,1 M€ après 5.9 M€, +3%)
  8. Daniel Julien (Teleperformance – 5,6 M€ après 3,2 M€, +76%)
  9. Denis Kessler ( SCOR 5,5 M€ après 4,2 M€, +20% ), le chantre des valeurs du patronat au MEDEF
  10. Olivier Piou (Gemalto – 5,5 M€, +103%)
  11. Gerard Mestrallet (GDF-Suez 4,8 M€, +44%) dont le groupe n’en finit pas de demander des augmnetations du tarif du gaz
  12. Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric- 4,7M€, +12% )
  13. Thierry Pilenko (Technip – 4,6 M€, +7%)
  14. Henri de Castries (AXA – 4,6 M€, -7%).

Dans certains cas, ces chiffres sont bien plus élevés. L’étude de Proxinvest n’inclut en effet pas toutes le sources de revenus, comme le « complément de retraite sur-complémentaire dont bénéficient certains dirigeants ». Elle porte sur le salaire fixe, les bonus, les actions gratuites, les options et les indemnités de départ versés au dirigeant.

-17% pour le CAC 40

Loïc Dessaint, directeur associé du cabinet spécialisée dans la gouvernance des entreprises, se demande bien pourquoi. « L’indice CAC 40 a pourtant sur la même période perdu 17% de sa valeur », relève-t-il à l’AFP. « La politique de rémunération des grandes sociétés françaises manque de transparence et est beaucoup trop court-termiste. Il faut absolument étudier la performance d’un dirigeant sur au moins trois années pleines », note Proxinvest.

Dans le détail, pour la première fois en 2011 le salaire fixe moyen des dirigeants du CAC 40 a franchi le million d’euros. Les bonus annuels ont pour leur part baissé de 8,6%, mais ils se maintiennent à un niveau élevé (124% du salaire fixe en moyenne).

Dominique Wattrin – Sénateur PCF FDG : Question orale sur l’emploi dans le Pas-de-Calais

Intervention D Wattrin au Sénat« Près de 850 emplois sont supprimés chaque mois dans le Nord-Pas-de-Calais. Et cette véritable saignée s’opère dans une région qui souffrait déjà d’un fort taux de chômage !

Je voudrais d’abord souligner la lutte exemplaire des 250 salariés de l’entreprise Doux à Graincourt-lès-Havrincourt, qui occupent leur abattoir de volailles depuis plus d’un mois. Ces salariés ne se résignent pas, et pour cause : cette unité de production, qui irrigue le tissu économique rural en fournissant une activité importante aux éleveurs, fait des bénéfices, ainsi que l’atteste le rapport comptable fourni par les liquidateurs. Au demeurant, cette activité a des débouchés : la France importe 40 % de ses besoins en volailles.

Cependant, le tribunal de commerce, composé exclusivement de dirigeants d’entreprise, n’a pas validé cette thèse. Rappelons à ce sujet le potentiel conflit d’intérêts soulevé par les syndicats et la presse à propos de la présence dans la formation de jugement de sept juges qui seraient en lien avec Doux…

Les salariés sont prêts à soutenir la poursuite de l’activité de l’unité du Pas-de-Calais. Il a donc été acté que, si cette unité était jugée « modernisable » au terme de l’expertise financée par l’État, ce dernier investirait avec la région. Dans le cas contraire, il s’engagerait à ce que tous les salariés licenciés bénéficient d’un maintien de salaire à 100 % pendant un an. Pour le même coût, une aide à la reprise permettrait de pérenniser 250 emplois. C’est mieux.

Pourtant, les salariés ont l’impression que, malgré quelques avancées, qu’il faut souligner, il y a un manque de volonté politique au sommet de l’État pour finaliser ce projet. Que pouvez-vous leur répondre ?

Même questionnement pour les salariés de Durisotti : quels engagements le Gouvernement peut-il peut prendre sur la nécessité de revoir le contenu des appels d’offres de l’État afin de ne pas défavoriser les entreprises françaises qui, comme celle-ci, recherchent également des financements ?

Meca Stamp International bénéficie d’un savoir-faire unique en France et ses débouchés sont assurés : le carnet de commande est plein. Un plan de reprise est en cours d’élaboration avec plusieurs associés. Que comptez-vous faire pour éviter toute cessation d’activité hâtive et apporter à ce projet le renfort financier nécessaire pour maintenir le plus possible d’emplois ?

Arc International a vu ses effectifs passer de 12 000 salariés à 5 680 en dix ans. L’entreprise a prévu une nouvelle baisse de ses effectifs à l’échéance de l’accord de méthode, fin 2012. Les salariés s’inquiètent d’une nouvelle réduction en raison de la priorité affichée par l’actionnaire de produire en Chine, aux Émirats arabes unis et aux portes mêmes de l’Europe, en Russie. D’où 880 départs à la retraite programmés d’ici à 2015, dont un sur deux seulement sera remplacé. Sans parler des 1 500 salariés qui pourraient « opportunément », aux yeux de la direction s’entend, bénéficier de « retraites anticipées amiante », mais sans être remplacés. Confirmez-vous une telle information ?

Monsieur le ministre, d’une manière plus générale, quelle action déterminante le Gouvernement compte-t-il entreprendre pour stopper une telle hémorragie d’emplois et assurer la pérennisation de toutes les entreprises que j’ai citées ? »

La réponse de M. Peillon

« Monsieur le sénateur Dominique Watrin, je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser mes collègues Michel Sapin et Thierry Repentin, qui sont en ce moment même auditionnés par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale sur les crédits de la mission « Travail et emploi ».

Les entreprises que vous avez citées, et qui relèvent de secteurs d’activité très différents, ont effectivement supprimé de nombreux postes dans votre département. Le nombre total de licenciements économiques cette année est sensiblement supérieur à celui de l’année précédente à la même période : 3 041 à la fin du mois de septembre 2012, contre 2 799 en 2011, ce qui traduit une dégradation sérieuse de la situation économique depuis de très nombreux mois.

Une telle situation est préoccupante pour tous les travailleurs concernés et pour toutes les familles touchées directement ou indirectement par le chômage. Le Gouvernement veille donc à ce que les salariés victimes d’un licenciement économique soient accompagnés le mieux possible pour retrouver au plus vite un emploi.

Les salariés victimes de licenciement économique dans les entreprises de moins de 1 000 salariés et dans les entreprises en redressement ou liquidation judiciaire peuvent être accompagnés dans le cadre du contrat de sécurisation professionnelle, le CSP. Ce dispositif, dont je reparlerai, vise à favoriser le retour à un emploi durable, le cas échéant au moyen d’une reconversion. L’allocation versée dans le cadre du CSP pendant un an équivaut à la quasi-intégralité du salaire net antérieur. Dans le Pas-de-Calais, à la fin du mois de juillet 2012, 2 267 salariés licenciés pour motifs économiques sont entrés dans le dispositif.

N’en doutez pas, monsieur le sénateur, le Gouvernement se mobilise ; tous les outils de la politique de l’emploi sont mis en œuvre pour aider les salariés.

Dans le cas de l’abattoir du pôle frais de Doux situé à Graincourt-lès-Havrincourt, dès le début du mois d’août, et parallèlement aux efforts déployés par le Gouvernement pour préserver au mieux l’emploi du pôle frais, l’État a mis en place une cellule d’appui à la sécurisation professionnelle pour l’ensemble des 253 salariés, afin qu’ils bénéficient d’un accompagnement particulier pour les soutenir et les aider dans leurs démarches de reconversion.

La mise en place de ce type de cellule est exceptionnelle, mais elle répond à une situation elle-même exceptionnelle, sur un bassin d’emploi qui souffre. Les salariés licenciés sont ensuite pris en charge dans le cadre du CSP.

Le Gouvernement s’est également engagé à débloquer un million d’euros pour le fonds de revitalisation permettant de soutenir des projets économiques créateurs d’emplois sur ce territoire.

Monsieur le sénateur, nous sommes particulièrement conscients de la situation préoccupante de l’emploi dans le Pas-de-Calais et de la nécessité d’agir rapidement. C’est pourquoi nous avons attribué 1 442 contrats d’accompagnement dans l’emploi supplémentaires au Pas-de-Calais pour le second semestre de 2012, en plus de l’enveloppe initiale de 5 902 de juillet 2012, soit une enveloppe totale de 7 344 contrats d’accompagnement pour le second semestre.

Notre action est tout entière tournée vers l’emploi. Vous le savez, dès le mois de juillet, une grande conférence sociale réunissant l’ensemble des partenaires s’est tenue à l’initiative du Gouvernement. Elle donne déjà ses premiers résultats. Les partenaires sociaux – c’est la méthode de la concertation, celle que j’évoquais tout à l’heure – viennent de conclure un accord interprofessionnel sur le contrat de génération, et la loi créant les emplois d’avenir vient d’être enfin promulguée. Ce sont plusieurs centaines de milliers d’emplois qui seront créés ou sauvegardés dans les mois à venir. D’autres négociations importantes sont en cours, y compris sur la sécurisation de l’emploi.

Monsieur le sénateur, j’espère vous avoir convaincu que le Gouvernement est mobilisé pour faire de l’emploi sa priorité et qu’il porte une attention particulière au département du Pas-de-Calais. »

Ma réplique :

« Je suis heureux d’entendre M. le ministre confirmer ce que j’ai évoqué.

La situation de l’emploi dans le Pas-de-Calais est en effet préoccupante.

À mes yeux, le nombre d’entreprises concernées par des menaces de fermeture ou des réductions d’activité et d’emploi justifie la demande, formulée dès le mois de juillet par le secrétaire national du parti communiste français et par la présidente d’alors de notre groupe, Nicole Borvo, d’un moratoire général sur l’ensemble des plans de licenciement collectifs.

Un tel moratoire serait d’autant plus légitime que, les exemples que j’ai mentionnés le montrent, il faut parfois laisser du temps au temps, afin que les projets de reprise puissent être menés à terme pour devenir effectifs, en obtenant tous les soutiens nécessaires.

En outre, on ne peut ignorer que, dans les cas que j’ai cités, s’illustrent aussi des stratégies financières.

Monsieur le ministre, vous affirmez que le Gouvernement est mobilisé. Pour ma part, j’ai le sentiment qu’il ne prend pas la juste mesure de l’impatience des salariés confrontés à de telles situations. Ils attendent beaucoup plus du Gouvernement, notamment des mesures nettement plus vigoureuses, afin qu’ils ne soient plus considérés comme de simples variables d’ajustement des difficultés rencontrées. En disant cela, je ne vous adresse pas un reproche personnel, monsieur le ministre ; j’exprime une demande très vive à l’égard de l’ensemble du Gouvernement.

Je suis convaincu qu’un certain nombre de lois doivent être adoptées, notamment pour donner plus de pouvoirs aux salariés dans les entreprises. C’est, me semble-t-il, le seul moyen d’éviter certaines dérives patronales que l’on a pu constater et de répondre à des stratégies financières qui jouent contre l’emploi.

Je m’étonne tout de même que le ministre du redressement productif n’ait pas pu, ou pas voulu, répondre à ma question, alors qu’il était là voilà quelques instants.

Je prends néanmoins acte des quelques éléments que vous avez fournis, monsieur le ministre. Je relève que, sur les contrats aidés, il s’agit d’un simple rattrapage : j’avais en effet écrit à M. Sapin pour indiquer que nous étions fortement pénalisés dans la répartition de l’enveloppe nationale des contrats aidés. Je me réjouis donc que mon intervention ait porté.

Je souhaiterais tout de même que vous transmettiez les questions précises que j’ai soulevées aux différents ministres chargés de ces dossiers, afin que je puisse obtenir des réponses plus détaillées et les transmettre à mon tour aux salariés concernés. »

Les conseillers communistes de la CALL se font entendre dans le débat d’orientation budgétaire

Bruno Troni

CALL –  Séance du Vendredi 07 Décembre 2012

Débat d’Orientation Budgétaire 2013  

Intervention Bruno TRONI

Après quelques mois de mandat et quelques mesurettes, nous avons du faire face à une très mauvaise surprise : l’adoption du traité européen négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Un geste inouï qui enferme les budgets nationaux des Etats membres dans un carcan d’austérité et qui place les nations sous surveillance. Je reprendrais la phrase de notre collègue sénateur communiste Thierry Foucaud : « voilà qui laissera au Parlement, comme aux assemblées élues dans nos territoires, une seule liberté, celle de fixer les conditions d’administration de la purge ! ». Ce traité qui aura des impacts directs sur nos populations et qui aurait d’ailleurs bien mérité un référendum, se situe aux antipodes des espoirs qu’a suscités l’élection de François Hollande.

Rigueur donc à tous les étages sauf à celui du grand patronat. Si l’on a beaucoup entendu parlé des « pigebudget des communesons », ce sont surtout les rapaces qui se sont frotté les mains à la découverte du rapport Gallois dont les mesures ont eu un large écho à l’Elysée. Ce grand patronat, qui n’a de cesse depuis des décennies de dénoncer l’interventionnisme d’Etat, n’hésite pourtant pas à exiger de lui des mannes financières de plus en plus importantes qu’on lui accorde aujourd’hui encore au prétexte d’un « choc de compétitivité ». Ces mannes financières dont une grande partie finira dans le compte de grandes entreprises dans lesquelles le sort des actionnaires est bien plus enviable que celui des salariés, sont autant d’argent public qui ne pourra plus être injecté dans les services publics ou la solidarité nationale.

De loi de finances en loi de finances, les dotations de nos collectivités s’étiolent, l’espoir de mener des politiques de développement dignes de ce nom s’amenuisent et si l’on ajoute à cela le troisième acte de la décentralisation dont on craint qu’une fois encore il aboutisse à des transferts de charges mal compensés, il est peu de dire que le présent comme l’avenir de nos populations risquent de continuer à être mis à mal.

L’hiver vient de nous apporter ses premiers flocons et cette nuit encore des gens dormiront dehors. D’autres fixeront le plafond en se demandant s’ils feront partie de la charrette de licenciements prévue dans leur entreprise, je pense bien sûr aux Arcelor-Mittal mais j’ai aussi une pensée particulière pour les salariés de MSI ou de Durisotti dont la plupart vivent dans nos communes. Et alors que certaines familles éviteront de mettre le radiateur en marche pour ne pas avoir à trop subir le poids des augmentations incessantes du prix du gaz, uniquement justifiées par la sacro-sainte « libre concurrence », d’autres racleront leurs poches pour trouver l’argent nécessaire à l’achat d’une nouvelle paire de lunette pour l’un de leurs enfants tout simplement parce qu’ils ont du mettre un terme à leur mutuelle.

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J’entends parfois dire que pleurer dans son mouchoir ne sert à rien, qu’il faut être offensif, se battre.

Il nous faut en effet porter haut et fort nos revendications, et qui pourrait mieux les entendre qu’un gouvernement qui, il y a quelques mois, prônait le changement ?

Ce changement, les Français l’attendent, la population de notre agglomération l’attend et il nous faut exiger de l’Etat qu’il prenne ses responsabilités et respecte cette promesse.

Comment peut-on attendre de nos communes, de notre agglomération qu’elles s’engagent dans une transformation, un développement global, durable  du territoire si nous devons faire face aux désengagements de l’Etat dans le cadre sa politique nationale vis-à-vis des collectivités, des services publics et des dispositifs de solidarité.

Le contexte actuel nous pousse à être vigilants quant à nos dépenses. Dans Orientation budgétaires, il y a « orientation » et l’on ne peut s’orienter sans visibilité or certaines politiques communautaires, certaines participations en sont dépourvue.

Nous avons eu l’occasion d’insister à plusieurs reprises sur les demandes de participations en augmentation constante dans des structures telles l’EPCC, la plate-forme multimodale ou encore le syndicat mixte d’exploitation du stade couvert. Nous devons absolument maîtriser ces dépenses et fixer un plafond de participation non pas en pourcentage mais en euros. Cette assemblée ne doit en aucun cas être pieds et poings liés face aux demandes de ces structures.

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Manque de visibilité sur un dossier sensible : Adevia. Sensible parce que de la viabilité de cette SEM dépend la viabilité des emplois de ses salariés. Cette Communauté vient de décider d’injecter 3 millions d’euros dans cette société, 3 millions que nous ne reverrons probablement jamais et qui malheureusement risquent fort d’être insuffisants et ne serviront qu’à retarder de quelques mois une échéance malheureuse.

Manque de visibilité toujours concernant la nouvelle compétence sport, culture et numérique qui va engendrer des dépenses qu’à ce jour personne ne peut globalement chiffrer et qui risque fort de représenter un poids conséquent. J’aimerais sur ce point redire à quel point nous trouvons inconséquent la décision d’ajouter des compétences à toutes celles que la CALL possède déjà sans avoir mener, en commun, un minimum de débat et de réflexion sur la teneur de ces compétences. Lorsque, dans nos communes, nous souhaitons mettre un projet en œuvre, nous chiffrons d’abord ce qui nous amène parfois à engager le dossier ou à y renoncer.

Tram pneus 01Quant au fameux tramway sur rail dont il y aurait beaucoup à dire, j’oserai dire que l’on veut nous le vendre à tout prix et ce, même si le prix en question pour notre agglomération devrait être élevé dans la mesure où cette opération « pourrait générer d’importants travaux à la charge de l’instance intercommunale » pour les dévoiements de réseaux (environ 11 millions €).

Enfin, je voudrai revenir sur le Louvre Lens. Je l’ai dit tout à l’heure, l’Etat se doit de prendre ses responsabilités.  Pour ceux qui en douteraient encore, je tiens à souligner à quel point les élus communiste considèrent l’accès à la culture et la décentralisation culturelle comme étant d’une importance capitale pour le développement de l’individu.  Je rappellerais encore que nous n’avons jamais contesté l’intérêt de disposer, sur notre territoire, d’un outil comme Le Louvre. La seule chose qui soit en cause ici, c’est bel et bien l’aspect financier. Nous tenons donc à ce que notre instance interpelle fermement Madame Filippeti pour obtenir un engagement financier pérenne de l’Etat ce qui ne serait que justice pour un musée d’Etat.

La TEOM avait officiellement été instituée pour financer le service de collecte des déchets. On s’aperçoit qu’en réalité, elle sert à financer toutes ces décisions qui, si l’on n’y prend garde, finiront par amener la majorité qui a adopté cette taxe à vouloir l’augmenter. Des taxes en augmentation qui s’ajoutent à un pouvoir d’achat déjà en baisse, c’est moins de consommation, moins de demande, plus de pessimisme avec tous les effets pervers que cela provoque pour la vie économique mais aussi pour la vie sociale.

Les grands projets ne constituent pas les seuls défis que cette communauté doit relever, ils ne doivent donc pas concentrer tous nos efforts et une trop grande partie de nos finances. Il convient comme en toute chose d’être raisonnable, à défaut toutes ces grandes choses que la Call entreprend pour le développement du territoire pourraient bien, à terme, avoir l’effet inverse et mettre notre population en situation de payer les pots cassés de décisions peu opportunes.

 

CONFERENCE DE PRESSE (Extraits Article Voix du Nord)

Outre leur désaccord profond avec la politique gouvernementale et le traité européen, les élus communistes de la communauté d’agglomération Lens-Liévin (CALL) évoquaient hier matin leur position sur des sujets financiers bien plus locaux.

À l’approche du débat d’orientation budgétaire de la CALL, le groupe communiste s’apprête à distribuer à la population un livret reprenant ses quelques reproches au sujet de la gestion de l’agglomération, « trop centrée sur les deux grandes villes au détriment des trente-quatre autres ».

Les élus communistes tenaient également à dénoncer quelques dossiers qui révèlent, selon eux, la mauvaise gestion exécutive de l’agglomération. À commencer par le dossier du stade Bollaert. « Il est difficile de comprendre que le propriétaire ne mette pas d’argent pour sa rénovation et qu’on injecte finalement de l’argent public pour qu’une entreprise privée profite ensuite des bénéfices, relève Bruno Troni, maire de Billy-Montigny.

Il y a quelques mois, les élus communautaires avaient signé une avance de 20 millions remboursables ensuite par le propriétaire. Et lors du dernier conseil, on a trouvé une délibération sur la table sans aucune concertation entre les groupes politiques, transformant cette avance en subvention de 12 millions d’euros ! » Stade couvert régional, Adévia, participation de la CALL aux frais de fonctionnement de nombreuses structures, etc. Plusieurs sujets inquiètent le groupe communiste et républicain.

« On demande un développement plus harmonieux dans les 36 communes qui subissent autant que les autres les politiques gouvernementale et européenne, et qui ont autant de besoins. » C’est donc l’« attitude méprisante des partenaires exécutifs de l’agglo envers notre groupe » que les communistes dénonceront avant le vote du budget. •

TEXTE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE

 

LOUVRE LENS : Point de vue de Christian Champiré, Maire de Grenay

POUR NE PAS PLOMBER LES FINANCES LOCALES DONT NOTRE POPULATION A TANT BESOIN :

A MUSÉE D’ÉTAT , Y AURAIT BESOIN DE FINANCEMENT ET DE BUDGET DE FONCTIONNEMENT D’ÉTAT !

L’EXEMPLE PAR BEAUBOURG METZ

Augmentation de 40% des tarifs à Pompidou Metz : un révélateur de difficultés plus importantes

L’augmentation des tarifs d’entrée de 40% à Pompidou Metz est une mauvaise nouvelle. En effet tout augmentation de tarifs et en particulier dans le domaine de la culture entraine une baisse de fréquentation. En temps de crise et de difficultés c’est d’abord dans ce domaine que les familles limitent et réduisent les dépenses.


L’augmentation des tarifs décidée par le conseil d’administration est révélatrice de difficultés plus importantes que les collectivités territoriales ont malheureusement toujours niées : l’absence de l’Etat, le fonctionnement d’un établissement de cette dimension a besoin d’un concours pérenne de l’Etat qui doit assumer sa responsabilité en matière d’égalité d’accès au patrimoine artistique sur l’ensemble du territoire. L’insuffisance de financement pèse également sur les conditions de travail et de rémunérations des personnels et en particulier des sociétés sous-traitantes. La jeunesse est la première victime de cette précarité.


Le modèle « Lebon » doit être revu, le centre Pompidou Metz doit devenir un véritable établissement public national avec budget et statut correspondants.

Les communistes proposent que les collectivités locales s’adressent d’une même voix à Mme Filippetti, ministre de la culture, cette « fille de Moselle » pour obtenir un engagement financier de L’Etat.

L’égalité territoriale, évoquée par Mme Filippetti dans la campagne du candidat Hollande, doit se traduire par des engagements concrets pour donner au centre Pompidou Metz, un budget à la hauteur des ambitions affichées.

Communiqué du PCF de Metz

Le CRIF écrit-il les discours de Hollande sur la Palestine ? par Alain Gresh

Finalement, le gouvernement français votera en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien. A reculons, après avoir longtemps hésité, en demandant mille et une garanties à l’Autorité palestinienne. Il est loin le temps où la France défendait une position originale, appelait à l’autodétermination des Palestiniens et au dialogue avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), passant outre aux injonctions des Etats-Unis et d’Israël.

L’information de l’hebdomadaire L’Express ne semble pas avoir suscité de fortes réactions. Dans un article du 8 novembre de Marcelo Wesfreid, « Paul Bernard, la plume de l’ombre de François Hollande », on apprend en quoi consiste le travail de Paul Bernard :

« De l’ouverture de la conférence sociale à l’anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél’ d’Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l’école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d’honneur, quand il ne s’occupe pas d’une préface de livre. »

Qui est donc cet homme de l’ombre ?

« Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n’a pas le parcours type d’une plume. En sortant de Normale-Sup, un DEA sur la littérature de l’époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicité Maurice Lévy. Il participe pour le compte de l’homme d’affaires à la rédaction du rapport commandé en 2006 par le ministre des finances Thierry Breton, sur l’“économie de l’immatériel”, cosigné avec Jean-Pierre Jouyet.

Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (MJLF), un courant du judaïsme progressiste qui s’est notamment illustré en menant campagne pour l’accès des femmes aux fonctions du culte. Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). »

Rappelons que parmi les objectifs du CRIF figure celui de soutenir l’Etat d’Israël. Et que, depuis des années, cette organisation a toujours soutenu toutes les aventures militaires israéliennes, de la guerre contre le Liban en 2006 à celle contre Gaza en 2012.

Mais ne croyez surtout pas que l’homme est de parti pris. Il explique : « Il faut oublier ce qu’on pense et ne pas chercher à peser dans le sens de ses propres idées. »

Imagine-t-on un instant un citoyen français de confession musulmane, engagé dans une association de soutien au peuple palestinien, chargé d’écrire les discours du président de la République ?

Je ne sais pas si M. Bernard cherche ou non à imposer ses propres idées sur le conflit, mais comment ne pas remarquer ce que le président français a dit lors de la conférence de presse avec le premier ministre Netanyahou : « Il y a aussi la tentation pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale de l’ONU ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation (…). Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation en Palestine.  » (Lire, par exemple, « Sur la Palestine, Hollande conforte Netanyahou », L’Humanité, 2 novembre.)

Or c’est, au mot près, ce que disent les dirigeants israéliens depuis des mois (« Statements by Israeli leaders », ministère israélien des affaires étrangères), et qui est repris par le CRIF. On peut aussi se reporter à la déclaration de M. Netanyahou l’an dernier (« B. Netanyahu : “La vérité c’est que les Palestiniens bloquent les négociations” », RTBF, 18 septembre 2011) :

« Mon voyage [aux Nations unies] a un double objectif : faire en sorte que la tentative [des Palestiniens] de contourner des négociations directes échoue (…) La vérité, c’est qu’Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (…). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l’ONU. »

Une simple coïncidence ? Sans doute, et le réalignement de la politique française sur la Palestine dépasse, bien évidemment, le travail de tel ou tel homme de l’ombre.

M. Bernard a aussi rédigé, si l’on en croit L’Express, le discours de Hollande du 1er novembre, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat du 19 mars 2012 (Ecole Ohr Torah – Toulouse). La cérémonie s’est tenue en présence de M. Netanyahou.

« Ces enfants de la France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir. Monsieur le Premier Ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs. C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille. »

Il est donc normal qu’Israël soit concerné par la situation des juifs de France ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne veulent rien avoir à faire avec Israël et qui ne se reconnaissent pas dans cet Etat ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne se reconnaissent pas dans un premier ministre qui mène une politique d’oppression des Palestiniens ?

Il est paradoxal que ceux-là même qui dénoncent l’importation du conflit israélo-palestinien en France invitent le premier ministre d’Israël à une telle cérémonie, favorisant les amalgames nauséabonds entre juifs, sionistes et Israël. Les mêmes qui dénoncent la mobilisation des banlieues ou des musulmans de France en faveur des Palestiniens soutiennent celle des juifs de France (ou de certains d’entre eux) en faveur d’Israël.

Ce « deux poids deux mesures » encourage la montée d’un antisémitisme stupide, qui veut faire croire que les juifs de France disposent d’un statut différent de celui des autres citoyens.

Dans une déclaration du 22 novembre, l’Union française juive pour la paix (UJFP) s’interrogeait aussi pour savoir « Qui représente les Juifs et la “communauté juive” en France ? » et s’inquiétait du soutien inconditionnel du CRIF à l’Etat d’Israël dans son attaque contre Gaza. Cette prise de position contribue davantage à la lutte contre l’antisémitisme en France que toutes les déclarations du CRIF ou de certains de nos responsables politiques (lire aussi la lettre du grand rabbin à l’organisation et la réponse de celle-ci).

Lorsque l’on a un ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui peut proclamer que, par sa femme,« il est lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », nous pouvons nous inquiéter. Valls a tenté d’obtenir la suppression de cette citation, notamment dans sa biographie sur Wikipedia et en demandant à la radio de Strasbourg, sur laquelle il a proféré ces insanités, de les retirer au nom du droit d’auteur. Mais la censure ne peut rien contre Internet.

Dans une tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne (22 novembre), « Un citoyen étonné », Pierre Conesa s’étonne que le président français n’accorde aucune place à certaines des victimes non juives de Merah.

« Avant les assassinats de l’école juive, Mohamed Merah avait exécuté de sang-froid trois parachutistes (le maréchal des logis Imad Ibn Ziaten, 30 ans, et deux militaires du rang, Abel Chennouf, d’origine algérienne, 26 ans, et Mohamed Legouad, Français musulman d’origine algérienne, 24 ans) et avait blessé grièvement à la tête un quatrième (Loïc Liber, 28 ans) les 11 et 15 mars à Toulouse et à Montauban. Aucun membre de ces familles n’a été associé à la visite présidentielle à Toulouse. Qu’en est-il de ces victimes aujourd’hui ?

Le ministre de l’Intérieur avait reçu en octobre, à la préfecture de Haute-Garonne, Hatim Ibn Ziaten, frère aîné du premier soldat tué, à Toulouse, la sœur de Mohamed Legouad et le père d’Abel Chennouf, et leurs avocats. L’avocate Me Maktouf a évoqué “un ras-le-bol, un mal-être insupportables”. L’un de ses clients, Albert Chennouf, perçoit 700 euros de retraite et a déjà dû faire l’avance de 1 700 euros de frais en tant que partie civile. Les avocats de ces soldats veulent avec raison faire reconnaître que les quatre militaires visés sont “morts pour la France”, permettant ainsi une prise en charge partielle de leurs frais de justice et une aide à leurs familles. Ce serait là un signe à l’égard de la communauté maghrébine qui, à travers ces jeunes engagés, a démontré son attachement à la France et a payé un très lourd tribut.

Pour l’heure, le président Hollande n’a pas jugé bon de les recevoir, leur faisant répondre par un courrier d’un conseiller. Sarkozy s’était au moins senti obligé de leur adresser une lettre manuscrite… »

 

Source : Blog du monde diplomatique par Alain Gresh.

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Leïla Shahid: « Notre stratégie non-violente face à Israël est un échec »

La déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union européenne a accordé un entretien poignant à la RTBF. Leïla Shahid estime que le conflit qui se ravive à Gaza sert les intérêts électoraux de Benjamin Netanyahou et pointe la responsabilité de la communauté internationale. Surtout, elle constate l’échec de la stratégie de la négociation avec Israël. « Nous avons commencé à négocier à Madrid en 1990, (…) on a arrêté la lutte armée, (…) et Israël nous a donné une claque », constate-t-elle. « Dites-moi à quoi ont servi les négociations pendant 20 ans? ».

 

Ecoutez ici l’entretien avec Leïla Shahid