Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

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Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht — fils du fondateur du SPD Wilhelm Liebknecht — sont tous deux des membres importants de l’aile gauche du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD). Ils créent en 1916, une organisation d’opposition, suite à la décision du SPD de voter les crédits d’une guerre contre l’Empire russe le 1er août 1914. Au-delà de leur opposition à une guerre impérialiste, Luxemburg et Liebknecht soutiennent la nécessité de l’action révolutionnaire, là où la direction du SPD choisit de s’intégrer au processus parlementaire. En avril 1915, le groupe fait paraître une revue, Die Internationale, censurée dès la parution de son premier numéro. Ils font ensuite circuler clandestinement des publications politiques, comme le journal intitulé les Lettres de Spartacus (en allemand : Spartakusbriefen).

Les Spartakistes militent pour l’arrêt de la guerre, et pour le pouvoir aux conseils ouvriers. Liebknecht et Luxemburg sont incarcérés de 1916 à 1918 pour leur rôle dans une manifestation publique contre la guerre1 à Berlin. La révolution allemande de novembre 1918 renverse l’empereur allemand Guillaume II. Liebknecht déclare une république socialiste en Allemagne depuis le balcon du château impérial de Berlin en novembre 1918 — mais deux heures plus tôt le même jour, Philipp Scheidemann du SPD a lui aussi proclamé la république depuis le palais du Reichstag. En décembre 1918, la Ligue spartakiste crée avec d’autres groupes moins importants, le Parti communiste d’Allemagne (KPD). En janvier 1919, le KPD, associé aux socialistes indépendants, organise des manifestations de rue massives contre le gouvernement de Weimar, emmené par les centristes du SPD et dirigé par le chancelier Friedrich Ebert. Le gouvernement accuse l’opposition de planifier une grève générale et une révolution communiste à Berlin. Le soulèvement est rapidement écrasé par le gouvernement, avec l’aide des corps francs qui combattent aux côtés des forces régulières. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés alors qu’ils sont retenus prisonniers. Cet assassinat marque la rupture définitive entre SPD et KPD.

JAURES AU PRESENT !!

Jean Léon Jaurès 0125 Juillet 1914 : à Vaise, l’ultime discours de Jaurès contre la guerre, cinq jours avant son assassinat
Publié le 25 juillet 2011

Cinq jours avant son assassinat, Jaurès vient à Lyon, le 25 Juillet 1914, aider Marius Moutet qui sollicite les électeurs de Vaise pour un mandat de député. Il vient donc le soutenir mais, dans son désarroi, notre tribun oublie cette tâche [1], pour crier le mélange de tristesse, d’angoisse et d’espérance qui l’étreint à la veille de la guerre : cette guerre qui se profile, et qui, il le sait, va écraser toute une jeunesse et avec elle une partie de l’espérance des peuples. Dans un souci pédagogique, Jean Jaurès expose à son auditoire certaines des causes du conflit mondial qui s’annonce, et l’engage à tout faire pour s’opposer à cette guerre. Cela va devenir un véritable texte de référence à contre-courant.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! »
Voici donc le dernier discours de Jean Jaurès, et celui-ci fut prononcé dans une salle de Vaise pleine à craquer, salle au 51 de la rue de Bourgogne qui n’existe plus aujourd’hui ; il n’y a plus qu’une plaque pour le garder en mémoire.
Cinq jours après, Jaurès était assassiné au café du Croissant, à Paris. Trois jours plus tard, la guerre était déclarée… et les socialistes faisaient tout le contraire des propos qu’avait prônés Jaurès.
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« Citoyens,
Je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.
Ah ! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demi-heure, entre l’Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu’une guerre entre l’Autriche et la Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l’Autriche le conflit s’étendra nécessairement au reste de l’Europe, mais je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu’ils pourront tenter.
Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en mêlait, l’Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés.
Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : « J’ai contre moi deux adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés. » A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu.
Dans une heure aussi grave, aussi pleine de périls pour nous tous, pour toutes les patries, je ne veux pas m’attarder à chercher longuement les responsabilités. Nous avons les nôtres, Moutet l’a dit et j’atteste devant l’Histoire que nous les avions prévues, que nous les avions annoncées ; lorsque nous avons dit que pénétrer par la force, par les armes au Maroc, c’était ouvrir l’ère des ambitions, des convoitises et des conflits, on nous a dénoncés comme de mauvais Français et c’est nous qui avions le souci de la France.
Voilà, hélas ! notre part de responsabilités. Et elle se précise, si vous voulez bien songer que c’est la question de la Bosnie-Herzégovine qui est l’occasion de la lutte entre l’Autriche et la Serbie et que nous, Français, quand l’Autriche annexait la Bosnie-Herzégovine, nous n’avions pas le droit ni le moyen de lui opposer la moindre remontrance, parce que nous étions engagés au Maroc et que nous avions besoin de nous faire pardonner notre propre péché en pardonnant les péchés des autres.
Et alors notre ministre des Affaires étrangères disait à l’Autriche : « Nous vous passons la Bosnie-Herzégovine, a condition que vous nous passiez le Maroc » et nous promenions nos offres de pénitence de puissance en puissance, de nation en nation, et nous disions à l’Italie : « Tu peux aller en Tripolitaine, puisque je suis au Maroc, tu peux voler à l’autre bout de la rue, puisque moi j’ai volé à l’extrémité. »
Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie. Eh bien ! citoyens, nous avons notre part de responsabilité, mais elle ne cache pas la responsabilité des autres et nous avons le droit et le devoir de dénoncer, d’une part, la sournoiserie et la brutalité de la diplomatie allemande, et, d’autre part, la duplicité de la diplomatie russe. Les Russes qui vont peut-être prendre parti pour les Serbes contre l’Autriche et qui vont dire : « Mon cœur de grand peuple slave ne supporte pas qu’on fasse violence au petit peuple slave de Serbie. » Oui, mais qui est-ce qui a frappé la Serbie au cœur ? Quand la Russie est intervenue dans les Balkans, en 1877, et quand elle a créé une Bulgarie, soi-disant indépendante, avec la pensée de mettre la main sur elle, elle a dit à l’Autriche : « Laisse-moi faire et je te confierai l’administration de la Bosnie-Herzégovine. » L’administration, vous comprenez ce que cela veut dire, entre diplomates, et du jour où l’Autriche-Hongrie a reçu l’ordre d’administrer la Bosnie-Herzégovine, elle n’a eu qu’une pensée, c’est de l’administrer au mieux de ses intérêts.
Dans l’entrevue que le ministre des Affaires étrangères russe a eu avec le ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, la Russie a dit à l’Autriche : « Je t’autoriserai à annexer la Bosnie-Herzégovine à condition que tu me permettes d’établir un débouché sur la mer Noire, à proximité de Constantinople. » M. d’Ærenthal a fait un signe que la Russie a interprété comme un oui, et elle a autorisé l’Autriche à prendre la Bosnie-Herzégovine, puis quand la Bosnie-Herzégovine est entrée dans les poches de l’Autriche, elle a dit à l’Autriche : « C’est mon tour pour la mer Noire. » – « Quoi ? Qu’est-ce que je vous ai dit ? Rien du tout ! », et depuis c’est la brouille avec la Russie et l’Autriche, entre M. Iswolsky, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et M. d’Ærenthal, ministre des Affaires étrangères de l’Autriche ; mais la Russie avait été la complice de l’Autriche pour livrer les Slaves de Bosnie-Herzégovine à l’Autriche-Hongrie et pour blesser au cœur les Slaves de Serbie. C’est ce qui l’engage dans les voies où elle est maintenant.
Si depuis trente ans, si depuis que l’Autriche a l’administration de la Bosnie-Herzégovine, elle avait fait du bien à ces peuples, il n’y aurait pas aujourd’hui de difficultés en Europe ; mais la cléricale Autriche tyrannisait la Bosnie-Herzégovine ; elle a voulu la convertir par force au catholicisme ; en la persécutant dans ses croyances, elle a soulevé le mécontentement de ces peuples.
La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.
Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.
Vous avez vu la guerre des Balkans ; une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille.
Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé.
Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d’Allemagne s’élèvent avec indignation contre la note de l’Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué.
Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et, de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.
J’aurais honte de moi-même, citoyens, s’il y avait parmi vous un seul qui puisse croire que je cherche à tourner au profit d’une victoire électorale, si précieuse qu’elle puisse être, le drame des événements. Mais j’ai le droit de vous dire que c’est notre devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui représente à cette heure, sous l’orage, la seule promesse d’une possibilité de paix ou d’un rétablissement de la paix. »
Jean Jaurès
discours prononcé à Lyon-Vaise le 25 Juillet 1914
P.-S.
Jaurès a dit aussi : « Nous ne sortirons de l’iniquité qu’en sortant du capitalisme ! »
Plus d’indications sur la vie de Jean Jaurès
Paroles de « Jaurès » de Jacques Brel
Notes
[1] Peut-être que ce n’est pas un oubli, on ne le saura jamais…
En tout cas Jaurès et Moutet ne devaient pas avoir les mêmes idées sur la guerre.
En effet, c’est sur ordre du socialiste Marius Moutet, ministre des colonies du cabinet Ramadier, que des renforts de l’armée sont envoyés à Madagascar le 31 mars 1947 (jusqu’à 30.000 hommes) pour une opération punitive qui a fait plus de 300.000 morts !
Au cri de « mort aux cafards », des milliers de civils sont abattus ou massacrés à la baïonnette par l’armée française. La « pacification » de Madagascar est le grand oublié des massacres racistes coloniaux de l’après-guerre, la France y testant de nouvelles armes et sa stratégie anti-insurrectionnelle. La répression, visant à éliminer tout particulièrement les cadres malgaches, est féroce : exécutions sommaires, villages incendiés, suspects lâchés vivants d’un avion en vol sur leur village… Cette guerre, la famine et les épidémies dans les camps feront plus de 300.000 morts (contrairement aux chiffres, qui ne prennent pas tout en compte, dont on a parlés, lors de la visite de Chirac le 21 juillet 2005 à Madagascar).
C’est encore Marius Moutet, qui, envoyé à Hanoï par Léon Blum, le 2 janvier 1947, contrairement à sa mission, a refusé de rencontrer Hô Chi Minh, cédant à la pression de l’amiral d’Argenlieu, alors que venaient de s’ouvrir les hostilités de cette « sale guerre d’Indochine » appuyée par de Gaulle. Si elle avait eu lieu, cette rencontre aurait pu probablement changer le cours de l’histoire.(Raymond Aubrac, « Où la mémoire s’attarde »p.190)



Notre Camarade Robert Vansteenkiste nous a quitté ce Dimanche 17 Mars 2013.


Témoignage d’un ancien déporté par telegohelle

Cheminot engagé très tôt dans la résistance, il a été l’un des principaux dirigeants des jeunesses communistes dans le Nord. Responsable des Francs Tireurs et Partisans du secteur d’Armentières, il est arrêté en décembre 1941 par la police française. Condamné à 5 ans, il sera déporté dans le terrible camp de Mauthausen en Autriche durant 14 mois.

Libéré en mai 1945, Robert Vansteenkiste était titulaire de la médaille militaire de la croix de guerre, de la médaille de la résistance. Il avait été élevé au rang de chevalier de la légion d’honneur et titulaire des palmes académiques en reconnaissance du fantastique travail de témoignage qu’il a accompli. Il a fait connaître aux jeunes générations ce qu’a été la résistance à l’occupant, ses souffrances, ses sacrifices et ses espoirs.

Il a témoigné, jusqu’au bout, de l’horreur que portent en eux le fascisme et le nazisme. Ancien conseiller municipal d’Avion, Robert Vansteenkiste était un militant actif du parti communiste et de la CGT. Responsable départemental de FNDIRP, il était à l’origine de la création du mémorial de la déportation à la coupole d’Helfaut.

ÉLOGE FUNÈBRE prononcée par Pierre Chéret, Représentant les filles et fils de Déportés, Membre du CN de la FNDIRP

Mesdames et Messieurs

 A chaque fois que l’un d’entre nous part, quelque soit le moment ou à l’âge où il part, la tristesse nous étreint. L’émotion nous tenaille.

Cette émotion, la tristesse nous la partageons avec toi Gaby et tes enfants et petits-enfants. Avec toi Gaby qui fut tout ce temps la compagne d’une vie riche en événements heureux mais faites aussi de moments durs et difficiles.

Moments durs et difficiles, surmonté par la solidité d’un couple, lucide et simple. Ne lâchant rien sur ce que furent les valeurs que fit naitre une amitié dans les parloirs de la prison de Cuincy à  Douai, où nombreux mineurs et cheminots syndicalistes et communistes étaient incarcérés !

Valeurs humanistes, résistance et combativité qui, par chance, vous permirent de vous retrouvez à la libération et de fonder dans cette période de Paix retrouvée une famille heureuse.

Cette vie faite d’engagements va laisser d’importantes traces ici dans la conscience des générations qui ont eu la possibilité et :

  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert  dans son activité inlassable pour l’obtention des droits à ceux qui subirent les incarcérations, les internements et la déportation et aux familles des fusillés et de ceux qui ne revinrent pas des camps de cet immense génocide.
  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert dans son action, avec ses camarades de la FNDIRP et des diverses associations frères qui revinrent des camps de concentration nazi, message et action pour empêcher l’oubli des horreurs que la montée du fascisme, du racisme et de l’antisémitisme qui engendra cette 2ème guerre mondiale.
  • l’honneur de côtoyer et d’agir aux cotés de Robert  dans son engagement syndical et politique à l’intérieur de la SNCF et dans sa commune dès que son état de santé lui permit de reprendre le travail au service de l’entretien des voies ferroviaires.

Robert a 20 ans lorsque le 10 décembre 1941, il est arrêté en gare de Lille par la police française. Il fait parti de ces familles que le Front Populaire a enthousiasmées.

  • Familles qui font face à l’esprit de revanche que fait régner ensuite le grand patronat, la droite et l’extrême droite française dans les mains de Pétain, et qui a préféré Hitler pour briser les acquis sociaux du front populaire,
  • Robert et sa famille sont de ceux qui continue à agir, à garder intact leur détermination dans une période où la peur règne dans de nombreux foyers et dans tout le pays.

Bien sur, rien n’est simple ! Ils ne sont pas nombreux à redresser la tête mais la volonté de la jeunesse, à l’image de Michel Brulé, de Julien Hapiot ou de Marcel Dandre, permettra de créer les premières actions de résistance à l’envahisseur  face à la cohorte des pétainistes qui prônent le racisme et la résignation face à la dictature fasciste allemande.

Robert aimait à rappeler cette simple anecdote !  Nombreux étaient les jeunes dans cette période de débâcle et d’exode qui ne fréquentaient pas leurs écoles ou leurs lycées ou n’aller plus au travail ! La première tache politique qu’ils imaginèrent c’était l’organisation de parties de football pour discuter et tenter de recruter des adhérents et surtout faire passer l’idée du refus de voir notre pays ainsi soumis et envahi ! Cette anecdote qu’il me rappela, avait pour but, de faire comprendre, que dans le militantisme il n’y a pas que les taches nobles idéalisant les héros, mais aussi la capacité comme il a su le faire avec d’autres, de donner du sens et de la valeur à toutes celles et ceux qui, par un geste, un message, un tract sous une porte, un peu de sable dans les boites d’essieu des wagons ou le percement d’une conduite de frein amplifièrent la résistance ! Dans son livre dédié à la résistance cheminote, il démontre ainsi que ces militants déjà aguerri à l’action revendicative et politique, au risque d’être poursuivi et arrêté, fabriquèrent une résistance naissante et active, en prenant comme lui et quelques uns le chemin de l’illégalité.

Les murs de la citadelle d’Arras et du Vert Galant, nous rappellent, dans cette zone interdite du Nord de la France, combien fut féroce la répression pour briser la résistance très active que le mouvement de Mai Juin 1941 met en exergue. Robert est de ceux-là ! Son futur beau-père aussi ! Plusieurs mois d’emprisonnement et 14 mois dans le camp de concentration de Mauthausen en Autriche. Camp de Mauthausen qui avait cette particularité d’être proche d’une grande carrière. Carrière dans laquelle les détenus, au prix d’heures incessantes de travail et d’une maigre pitance, taillèrent dans la roche un immense escalier sur lequel ils devaient ensuite chaque jour transporter des pierres. Escalier au haut duquel de nombreux détenus ne parvenaient pas ! Et d’autres à qui ont donné le choix d’être abattu par un SS ou de pousser dans le vide le détenu devant soi. La destruction humaine étaient là à l’œuvre jusqu’à l’innommable machine d’extermination de la solution finale qui devait pour les nazis voir le triomphe d’une prétendue race aryenne.

Son emprisonnement et sa déportation avec des hommes de conditions ou d’opinions différentes forgèrent en lui un sens aigu de la détermination mais en même temps une vision tolérante, humaniste mais exigeante de la société et de la vie . Vision et démarche que nous, générations qui le suivirent, retrouvèrent en lui à chaque fois qu’on allait à sa rencontre !! Toujours un accueil avec le sourire, et tout de suite une réflexion sur la situation politique !  Et bien sur, un intarissable chercheur pour que chaque situation ou chaque lettre soient précisée et classé ou réécrit par Gaby !

A la libération, Homme d’engagement de 25 ans, Robert Cheminot de la zone ferroviaire lensoise, n’est pas resté longtemps  sans être au cœur du débat politique et syndical pour la reconstruction. Dans cette zone, plus de 2500 cheminots travaillaient à la vivacité de la production charbonnière, le débat y était vif. L’engagement fort dans la résistance de nombreux cheminots et les souffrances qu’endurèrent leurs familles firent émergé des femmes et des hommes bien décidés à ce que l’on n’oublie pas les sacrifices de ceux qui contribuèrent à l’accélération  d’un retour à la Paix tant attendu. Que l’on n’oublie pas l’ambition pluraliste, politique et sociale du Conseil National de la Résistance.

A partir de son retour au travail, Robert sera de toutes les luttes et des grèves, de celles de 1948 au coté des mineurs, de celle de 1953 pour empêcher la remise en cause chez les cheminots des droits à la retraite. Il est élu à plusieurs reprises représentant du personnel local et régional où il défend « Bec et Ongles » les dossiers et les revendications de ses collègues de travail. Sa ténacité ne lui vaut pas que des amis dans la direction de la SNCF. Or on retrouve là la ténacité de Robert pour qui ces collègues lui renouvèleront en permanence sa confiance comme dirigeant syndical. Il devient soudeur de rail au train Parc de Béthune. Métier qu’il aime mais difficile physiquement jusqu’au moment où sa santé fragilisée par la malnutrition des années d’incarcération et de déportation lui procura de nombreux problèmes. Il demande à être intégré dans une fonction plus à même de prendre en compte sa fragilité. L’acharnement de sa direction, qui n’oublie pas l’homme d’action qu’il est, le poussera à une mise à la réforme d’office à l’âge de 46 ans.

Homme d’action malgré une santé fragilisée. Homme d’action il restera !

Et toi Gaby à ses cotés et ensemble vous allez poursuivre avec les camarades de la FNDIRP, ce travail essentiel de mémoires et d’information sur ces mécanismes qui ont construit l’innommable génocide.

Militant de la mémoire comme le dénomme son ami Alain Durand. Militant de la mémoire pour que le plus grande nombre possible de jeunes lycéens et collégiens puissent savoir et comprendre ce qu’est une guerre, ce qu’est un génocide. Une guerre qui n’a rien d’un jeu sur un ordinateur. Qu’une guerre ! C’est avant la guerre ! que se construisent les haines, les revanches et les mises en opposition des peuples que les grands industriels ont souvent porté pour perpétuer leur domination financière.

Robert a toujours chercher à comprendre pourquoi le peuple allemand c’était laisser emporter dans la destruction fasciste et raciste. Il savait combien le lit de la pauvreté, des extorsions  fait sur l’économie allemande après la guerre 14 18 a permis aux revanchards et aux hobereaux prussiens de provoquer la peur du plus pauvres que soi ou de l’artisan juif, de faire monter au pouvoir les pires crapules réprimant à la place de la police et dans le sang les luttes sociales qui se multipliaient.  

Robert savait nous expliquer que le refus de l’oubli ne devait pas empêcher la volonté d’agir en permanence pour la PAIX et à la rencontre avec des militants allemands pour agir ensemble contre l’oubli de l’inacceptable. Au contraire, ne pas oublier c’est comme il le faisait de profiter de chaque cérémonie afin de faire le lien avec l’actualité et ces interpellations sur les retours dans nos pays du populisme, des oppositions entre les catégories et les confessions qui fabriquent aujourd’hui le F Haine.

Les nombreux monuments qu’il fit ériger dans les villes et villages et sous la coupole d’Helfaut vont laisser pour longtemps une trace indélébile pour la mémoire de la déportation.

Robert nous laisse un héritage important que nous voulons poursuivre du mieux que nous pourrons. Filles et fils de déportés nous n’avons pas vécu la réalité des camps mais nous avons la possibilité de porter encore et toujours les valeurs fondatrices d’une société qui naissant au cœur de la résistance porte toujours l’idée d’une humanité où il doit faire bon vivre !

Gaby toi qui fut sa secrétaire et notre secrétaire nous savons combien est énorme ta peine aujourd’hui et celle des enfants et petits enfants. Dans les jours qui viendront nous serons avec toi Gaby pour que les convictions de Robert continuent leur bon chemin.

Adieu Robert

 

L’ancien résistant Stéphane Hessel est mort

Hessel 01Résistant, déporté, diplomate et corédacteur de la Déclaration des droits 
de l’homme Stéphane Hessel est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 95 ans. Nous vous proposons un entretien qu’il avait accordé à l’Humanité, le 31 décembre 2010 à l’occasion de la publication d’ Indignez-vous !.

Né en 1917 à Berlin, il était arrivé enfant en France et a été naturalisé en 1937. Résistant, déporté, ambassadeur, Stéphane Hessel était notamment connu pour ses prises de position concernant les droits de l’Homme, le droit d’asile, l’accueil des migrants et le Proche-Orient. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, cet ami personnel de Pierre Mendès-France et Michel Rocard avait fait carrière dans la diplomatie, notamment aux Nations-Unies. Plus récemment, il a été membre du collège des médiateurs pour les sans-papiers en 1996. Son petit ouvrage Indignez-Vous !, défendant l’esprit de résistance, paru en 2010, a connu un retentissement mondial, traduit dans de nombreuse langues et tiré à plusieurs millions d’exemplaires.

Comment recevez-vous le succès de ce livre ? Répondait-il 
à un besoin qui sied 
à la période ?

Stéphane Hessel. J’ai été naturellement surpris et même émerveillé par le succès de ce petit pamphlet. Je l’explique par le fait que nous vivons un moment de relative angoisse, on ne voit pas bien où nous allons. Nous avons la claire conscience que nous sommes au milieu – et non pas à la fin – d’une grave crise de l’économie néolibérale sans régulation, il est donc normal de se poser des questions sur la raison des dysfonctionnements de nos sociétés. Lorsque l’on vit dans des sociétés qui fonctionnent mal, la première chose que nous avons envie de faire, c’est de nous indigner. On se souvient que, dans d’autres périodes de notre histoire, il fallait aussi s’indigner si l’on ne voulait pas subir l’occupation étrangère de la France, ou dans des situations de pénurie passive.

La dette ou l’absence de financement sert souvent d’argument à la remise en cause des conquêtes sociales de la Libération. Comment le Conseil national de la Résistance (CNR) est-il parvenu à construire ces socles dans le contexte d’une Europe ruinée ?

Stéphane Hessel. Il faut tout d’abord se souvenir que le programme du CNR a été élaboré dans la clandestinité par des gens qui n’avaient aucune capacité politique autre que la réflexion et la proposition. Grâce à cette relative liberté de réflexion, ils se sont posé le problème de savoir comment la France, une fois libérée, pourrait donner à notre pays un ensemble de valeurs et de politiques qui correspondraient à ce que les résistants souhaitaient. C’est vraiment la base d’une social-démocratie qui tienne le plus grand compte des libertés fondamentales, de la lutte contre les féodalités économiques excessives, contre une presse menée par un gouvernement de Vichy. Ces valeurs se sont-elles dégradées ? Manifestement. Et c’est la logique de l’indignation. Il n’y a pas de raison que la France de 2010 n’ait pas les moyens nécessaires car elle dispose de ressources considérables, de richesses bien plus grandes que celles de 1945. Malgré cela, les conquêtes sur lesquelles on pouvait compter n’ont pas été réalisées. Cela doit constituer les bases de la réflexion et susciter le sentiment qu’il y a à faire. Il faut d’abord s’indigner mais ne pas s’arrêter là. Il faut se poser une question : comment faire pour que les choses changent ? Nous avons besoin d’une nouvelle direction du pays, celle mise en place depuis 2007 n’est pas satisfaisante mais il faut savoir ce que l’on peut proposer d’autre. Cela vaut pour l’Europe et le monde entier. Et notamment pour les régions les plus frappées par la crise ou par des conflits… On pense naturellement aux Palestiniens, aux Sahraouis, à des peuples qui, contrairement à ce que réclame la charte des Nations unies, ne disposent pas encore d’un État et dont l’autodétermination n’est pas encore réalisée.

Vous appelez à plus de justice et de liberté mais, 
dites-vous, « pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler ». Est-ce à dire 
que sans égalité, ni fraternité, la liberté n’est rien ?

Stéphane Hessel. La liberté est à la fois l’une des données les plus fondamentales et les plus précaires. Une liberté n’a de sens que si elle assure une égalité des droits et donc une solidarité. Cela renvoie à notre belle devise qui doit se concevoir comme un tout. La liberté qui régit de plus en plus l’économie financiarisée, mise à la disposition de quelques possédants et non pas rendue compatible avec l’égalité et la fraternité, a déjà causé des dégâts considérables.

Vous évoquez le rôle 
de Sartre dans la formation de votre pensée et cette phrase : « Vous êtes responsables 
en tant qu’individus. » 
Quelle est, alors, 
la place du collectif ?

Stéphane Hessel. Les structures politiques ou économiques, qui régissent actuellement les sociétés humaines, sont en grande difficulté. Elles ne sont pas équipées pour résoudre les nouveaux problèmes qui se posent : la protection de la planète et les écarts croissants de richesses. On ne peut plus s’en remettre aux pouvoirs existants, il faut que les citoyens se mobilisent dans des organisations non gouvernementales dont les manifestations sont de plus en plus internationales, c’est le cas des grands forums sociaux. Voilà la voie à suivre pour que, collectivement, ce soient les citoyens – et non pas les structures en place – qui ouvrent le chemin d’une rénovation nécessaire du fonctionnement de l’économie mondiale.

Vous citez également Hegel, 
le sens de l’histoire et ses chocs successifs. Considérez-vous que la démocratie 
est actuellement sous le coup de régressions ?

Stéphane Hessel. Il faut se dire que la démocratie est un programme qui n’est malheureusement pas encore accompli. La Déclaration universelle des droits de l’homme dit en toutes lettres que ces droits ne peuvent être réalisés que dans le cadre de d’un régime démocratique qui doit résister à toute forme de tyrannie, de totalitarisme ou d’oppression. Il ne faut pas sous-estimer les progrès auxquels nous faisons face notamment en Amérique latine ou en Europe. C’est néanmoins insuffisant car ces démocraties ne se défendent toujours pas suffisamment contre l’emprise du capitalisme financier. C’est là-dessus que doivent porter les efforts des individus.

À propos de la rédaction 
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, vous revenez sur l’hypocrisie de certains vainqueurs dans leur adhésion à ces valeurs. Comment cela a-t-il joué dans leur application, selon vous ?

Stéphane Hessel. La notion d’hypocrisie est importante pour voir comment les gouvernements et peut-être aussi les grandes entreprises disent tendre vers les droits et l’égalité, vers un progrès de l’économie qui bénéficierait à tous et notamment aux plus pauvres. En réalité, ils s’arrangent pour garder le pouvoir même si ce pouvoir ne répond pas aux besoins des citoyens. Elles veulent également conserver l’emprise économique même si les résultats ne bénéficient qu’à une petite élite, celle que Susan George (présidente d’honneur d’Attac – NDLR) appelle « la classe de Davos », c’est-à-dire les possédants. Nous vivons encore dans un monde où les possédants ont encore droit à tous les bénéfices et où les possédés ne savent pas suffisamment résister.

Vous concluez sur la nécessité de dépasser la confrontation des idéologies. Face aux oligarchies financières, notamment, ne faut-il pas s’appuyer sur un socle idéologique solide ?

Stéphane Hessel. Nous avons la chance d’avoir l’Organisation des Nations unies, fondée sur une charte qui affirme un certain nombre de libertés et de droits pour tous. Il faut lui donner d’avantage de force. Nous avons besoin d’une gouvernance mondiale, non pas d’un État mondial qui serait une absurdité, mais d’une coopération entre États qui se fonde sur un socle démocratique. En s’appuyant sur ses institutions, en leur donnant l’autorité nécessaire, on pourra enfin mettre un terme aux conflits et remplacer la violence par la non-violence. Face à la violence des affrontements entre États, voire entre cultures, entre religions ou civilisations différentes, entre idéologies qui se combattraient, il faut au contraire s’orienter vers la négociation pensée par des hommes comme Mandela, Martin Luther King, Gandhi ou d’autres. L’une des raisons majeures qui devraient nous amener vers la solidarité et l’interdépendance, c’est le risque que court la planète. Nous vivons une époque où si l’on ne fait pas tous ensemble un effort écologique, dans cinquante ou cent ans, la planète ne sera plus viable pour les sociétés humaines.

Entretien réalisé par Lina Sankari

  • Lire aussi :

En 2008, à l’occasion des 60 ans de la déclaration des roits de l’homme, Stéphane Heesel répondait à l’Humanité : « La Déclaration universelle des droits de l’homme nous a enthousiasmés »

En 2007, sur l’image hors de nos frontières la politique d’immigration française : « Une loi contraire aux valeurs traditionnelles de la France »

Les formidables paroles d’insurrection et d’espérance du résistant Stéphane Hessel. Par Charles Silvestre

La preuve en chiffres de l’indécence des grands patrons

Juste un petit mot pour vous dire mon écœurement de voir dans le JDD du jour 98 grands patrons jouer les pleureuses et lancer un appel à payer moins pour gagner plus.

C’est assez comique je trouve, quand on sait que :

  • en 2012 les sociétés du CAC40 ont versé 37 milliards de dividendes à leurs actionnaires (source)
  • en 2010 les sociétés du CAC 40 ont dégagé des bénéfices d’un montant de près de 83 milliards d’euros (source)
  • le réduction de charges sociales dite « Fillon » coûte de 21 à 23 milliards d’euros par an à l’État (source)
  • l’impôt sur les sociétés payés par les société du CAC 40 représente 8% de leurs bénéfices, loin du taux normal de 33% et alors que les PME en payent à un taux de 22% (source)
  • 17 groupes du CAC 40 ne payent pas d’impôt sur les bénéfices (source)
  • parmi les signataires figure le PDG de Sanofi qui voulait licencier 2500 personnes de son entreprise, ce qui sans l’intervention de Montebourg se serait fait, mais il y a encore malheureusement 900 suppressions de postes (source)
  • en 2010 les allégements de charge ont atteint 30 milliards d’euros et augmenté de 55% entre 2001 et 2010 (source)

Voilà c’était juste ce petit coup de gueule avec des preuves factuelles que les grands patrons n’ont pas à se plaindre puisque ce sont eux et leurs groupes qui bénéficient le plus des largesses de 10 années de droite au pouvoir. Car au final, cet appel est une critique des 10 années d’UMP au pouvoir puisque le PS n’a pour l’instant rien modifié, n’ayant pas eu le temps, en 6 mois, de le faire.

Mais au fait, c’est quoi la dette ?

 

 L’EXEMPLE DE L’ISLANDE ! A MÉDITER !

Mais au fait, c’est quoi la dette ?

Publié : 9 janvier 2013 | Auteur :

Allez je me lance dans ce sujet épineux parce qu’il y a besoin de remettre les points sur les i. Sinon c’est moche un i, on dirait un l atrophié. Il se ferait sacrément avoir, un peu comme nous quand les médias ou les libéraux nous expliquent la dette.

Europe debt crisis

Le bel exemple, c’était Cahuzac face à Mélenchon. Je suis loin du trip groupie ou de la bataille de tweets qui s’organise à chaque émission. Mais c’est effarant de voir comment les plus grosses bêtises passent comme une lettre à la poste dans ce genre d’émission. Ainsi du haut de son perchoir le ministre du budget entonne le refrain suivant : « Votre voisin vous demande 10F, vous lui donnez. Un jour 20F, vous lui donnez. Un jour 50F, 100, 200 ou 1000, vous lui donnez. Et puis si un jour il vient vous voir en vous disant qu’il vous rendra pas tout ça mais qu’il a besoin de 5000 euros. Vous lui donnez ? Non et vous aurez raison ! »

Ce résumé du problème de la dette est séduisant… parce qu’il est simplissime. Mais il est aussi complètement faux. Et je vais essayer de vous expliquer pourquoi…

Au début, était l’argent

Bon, pour comprendre le principal élément de la dette en France et dans beaucoup de pays, il faut revenir à ce qu’est la monnaie dans l’économie. Prenons l’économie la plus simple du monde, allez disons 2 personnes. L’un fabrique des vêtements, l’autre fait pousser des fruits et légumes. Chacun a besoin de l’autre et ils échangent des pulls contre des tomates. Là, pas besoin d’argent. Évidemment, les choses se compliquent quand dans l’économie s’intègre une personne qui fait des outils, l’autre des maisons et disons une dernière qui est médecin. FAIRE-DU-TROC-SANS-DEPENSER-D-ARGENTComment on évalue combien de chaussette vaut une maison ? Ou combien de tomates vaut une visite médicale ? Pour simplifier, on créer de l’argent qui étalonne la valeur de chaque produit. Ainsi, plus besoin de troc, l’argent, en circulant, équilibre les échanges. Evidemment, cela suppose une autorité supérieure qui fixe des règles et qui émet cette monnaie pour que tout le monde ait confiance. Donc l’Etat a un rôle non négligeable dans l’économie, sans même aborder la question des services publics et de la répartition des richesses.

Évidemment, vu la petitesse de l’économie, 100 euros en circulation peuvent largement suffirent à chacun, l’argent circulant entre tous, pour pouvoir participer à l’économie. Mais l’économie grandissant, à la fois dans le nombre d’acteur mais aussi dans la productivité de chacun de ces acteurs (avec les innovations techniques tout ça tout ça), les 100 euros vont très vite être insuffisants pour fluidifier les échanges. Ca s’appelle un manque de liquidité. À ce moment, l’Etat peut émettre de la monnaie pour accompagner le développement de l’économie. Il peut le faire à travers des investissements publics, des grands travaux, des services publics, ou à travers la distribution d’aides sociales diverses. Avoir plus de masse monétaire en circulation stimule les échanges, donc la production. Puis ça enrichit l’Etat via l’impôt également.

veritable-part-dette-budgetCe système contient évidemment quelques biais, parfois les Etats ont immodérément créé de la monnaie pour faire varier sa valeur relative et exporter davantage. Ils ont souvent dévalué brutalement leur monnaie pour éponger une grande part de leur dette etc… Mais rien de fondamentalement grave, excepté quelques exemples isolés. Cette politique a rendu plus de services qu’elle n’a coûté aux populations. Les principaux acteurs qui en pâtissaient étaient les rentiers et les créanciers de l’Etat (souvent les mêmes).

La monnaie-dette

Bon jusque là vous suivez ? Evidemment, la situation n’est pas restée ainsi, pour de bonnes mais surtout pour de mauvaises raisons. En 1973, les Etats mettent volontairement fin à cette pratique. Les banques centrales deviennent progressivement indépendantes et la création monétaire devient essentiellement un acte privé. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Aujourd’hui, les banques centrales comme la BCE sont largement minoritaires dans la création monétaire : autour de 15%. L’essentiel de la création monétaire se fait via les crédits que les banques accordent. Sauf que cette monnaie, elle a 2 inconvénients : elle disparaît, à mesure qu’on rembourse sa dette, et elle génère des intérêts. Or depuis 73, l’économie s’est sacrément développée et les intérêts des dettes publiques, comme privées, ont explosé, au grand bonheur des banquiers. Le résultat ? Au lieu que la création monétaire permette de financer le développement de l’économie, elle sert aux banques à faire du crédit, y compris pour les Etats. La BCE prête aux banques à 1% et les banques prêtent ensuite aux Etats entre 6-7 ou 17% comme en Grèce. Un joli pactole à la clef bien sur !

Le système fonctionne tant et si bien que l’essentiel du problème de la dette publique actuelle, ce sont les intérêts. Comme le montre les schémas, ce sont les intérêts qui plombent l’économie publique, cette obligation stupide d’aller demander aux banques pour un prêt. Donc contrairement à ce que Cahuzac raconte : la France et les pays européens ont largement remboursé leur dette, le reste n’est que le résultat d’un système économique construit pour engraisser une poignée de financiers sur le dos des pays et des ménages.dettes-sans-interet

La dette, c’est chouette aussi

Bien sudette-publique-marianner, cette partie de la dette, il ne faut pas la payer. Faire un gros « fuck » à ces banquiers pour qui la droite et le gouvernement actuel sacrifient le peuple. C’est la plus grosse partie, mais ce n’est pas la seule. Une partie non négligeable de la dette est directement liée aux politiques fiscales néolibérales qui permettent aux plus riches et aux grandes entreprises d’échapper à une grande partie de l’impôt…Celle là, on peut la payer, mais on peut aussi faire une réforme fiscale d’ampleur pour y remédier. Mais genre une bonne réforme fiscale, pas celle dont Cahuzac dit qu’elle a déjà été faite mais qu’on l’a pas vu. Comme si on avait passé une partie de l’année camés au point d’avoir un trou noir dans le débat budgétaire.

En vrai, il y a également une dette chouette. Elle est chouette parce qu’elle fait avancer la société. C’est l’investissement pour le bien commun. Construire des routes, des lignes de chemin de fer, des centres de production d’énergie renouvelable, des écoles, des hôpitaux,… Tout ça, ça coûte un max de tune, et donc on emprunte. On emprunte, c’est vrai, mais on fait avancer la société et au final, on a un retour humain, démocratique et économique. Donc cette dette chouette, nous elle nous gêne pas trop. Pourtant bizarrement, c’est la seule à laquelle s’attaque les libéraux (socio- comme néo-). À croire qu’ils roulent pour les banquiers et les riches…

Voilà ce qu’est la dette selon moi. Et les solutions sont simples : la dette illégitime, on ne la paye pas et on permet à la BCE de prêter directement aux états ; la dette fiscale, on l’endigue à travers une fiscalité plus juste ; la dette chouette, bah on se gêne pas…

Romain JAMMES

CAC 40: ces patrons qui gagnent plus de 240 SMIC


La rémunération des grands patrons du CAC 40 continue de s’envoler jusqu’à des cimes indécentes. Selon une étude publiée ce mardi, ils sont même 14 PDG de grands groupes français (3 de plus qu’en 2010) à avoir touché au moins 4, 6 millions d’euros en 2011.

Le classement de ces grands fortunés, selon l’étude du cabinet Proxinvest,

  1. Maurice Lévy de Publicis, qui « est exceptionnellement en tête avec le versement anticipé de ses bonus différés qui portent à 19,6 M€ sa rémunération totale après 6,2M€ en 2010″
  2. Carlos Ghosn (Renault – 13,3 M€ après 9,7M€, +38%), celui-là même qui tente d’arracher des accords de compétitivité dans ses usines pour baisser le coût des salaires, « dont la rémunération chez Nissan demeure mal définie »
  3. Bernard Charlès (Dassault Systèmes – avec 10,9 M€ après 9,5M€, +15%)
  4. Bernard Arnault (LVMH –10,8 M€ après 9,7M€, +11%), candidat à l’exil fiscal en Belgique
  5. Jean-Paul Agon (L’Oréal) – 7,7 M€ après 10,7M€, -28%)
  6. Christopher Viehbacher (Sanofi-Aventis – 7,1M€ après 6,1M€, +17%), dont l’entreprise dégraisse allégrement en France pour améliorer ses dividendes
  7. Frank Riboud (Danone – 6,1 M€ après 5.9 M€, +3%)
  8. Daniel Julien (Teleperformance – 5,6 M€ après 3,2 M€, +76%)
  9. Denis Kessler ( SCOR 5,5 M€ après 4,2 M€, +20% ), le chantre des valeurs du patronat au MEDEF
  10. Olivier Piou (Gemalto – 5,5 M€, +103%)
  11. Gerard Mestrallet (GDF-Suez 4,8 M€, +44%) dont le groupe n’en finit pas de demander des augmnetations du tarif du gaz
  12. Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric- 4,7M€, +12% )
  13. Thierry Pilenko (Technip – 4,6 M€, +7%)
  14. Henri de Castries (AXA – 4,6 M€, -7%).

Dans certains cas, ces chiffres sont bien plus élevés. L’étude de Proxinvest n’inclut en effet pas toutes le sources de revenus, comme le « complément de retraite sur-complémentaire dont bénéficient certains dirigeants ». Elle porte sur le salaire fixe, les bonus, les actions gratuites, les options et les indemnités de départ versés au dirigeant.

-17% pour le CAC 40

Loïc Dessaint, directeur associé du cabinet spécialisée dans la gouvernance des entreprises, se demande bien pourquoi. « L’indice CAC 40 a pourtant sur la même période perdu 17% de sa valeur », relève-t-il à l’AFP. « La politique de rémunération des grandes sociétés françaises manque de transparence et est beaucoup trop court-termiste. Il faut absolument étudier la performance d’un dirigeant sur au moins trois années pleines », note Proxinvest.

Dans le détail, pour la première fois en 2011 le salaire fixe moyen des dirigeants du CAC 40 a franchi le million d’euros. Les bonus annuels ont pour leur part baissé de 8,6%, mais ils se maintiennent à un niveau élevé (124% du salaire fixe en moyenne).

Dominique Wattrin – Sénateur PCF FDG : Question orale sur l’emploi dans le Pas-de-Calais

Intervention D Wattrin au Sénat« Près de 850 emplois sont supprimés chaque mois dans le Nord-Pas-de-Calais. Et cette véritable saignée s’opère dans une région qui souffrait déjà d’un fort taux de chômage !

Je voudrais d’abord souligner la lutte exemplaire des 250 salariés de l’entreprise Doux à Graincourt-lès-Havrincourt, qui occupent leur abattoir de volailles depuis plus d’un mois. Ces salariés ne se résignent pas, et pour cause : cette unité de production, qui irrigue le tissu économique rural en fournissant une activité importante aux éleveurs, fait des bénéfices, ainsi que l’atteste le rapport comptable fourni par les liquidateurs. Au demeurant, cette activité a des débouchés : la France importe 40 % de ses besoins en volailles.

Cependant, le tribunal de commerce, composé exclusivement de dirigeants d’entreprise, n’a pas validé cette thèse. Rappelons à ce sujet le potentiel conflit d’intérêts soulevé par les syndicats et la presse à propos de la présence dans la formation de jugement de sept juges qui seraient en lien avec Doux…

Les salariés sont prêts à soutenir la poursuite de l’activité de l’unité du Pas-de-Calais. Il a donc été acté que, si cette unité était jugée « modernisable » au terme de l’expertise financée par l’État, ce dernier investirait avec la région. Dans le cas contraire, il s’engagerait à ce que tous les salariés licenciés bénéficient d’un maintien de salaire à 100 % pendant un an. Pour le même coût, une aide à la reprise permettrait de pérenniser 250 emplois. C’est mieux.

Pourtant, les salariés ont l’impression que, malgré quelques avancées, qu’il faut souligner, il y a un manque de volonté politique au sommet de l’État pour finaliser ce projet. Que pouvez-vous leur répondre ?

Même questionnement pour les salariés de Durisotti : quels engagements le Gouvernement peut-il peut prendre sur la nécessité de revoir le contenu des appels d’offres de l’État afin de ne pas défavoriser les entreprises françaises qui, comme celle-ci, recherchent également des financements ?

Meca Stamp International bénéficie d’un savoir-faire unique en France et ses débouchés sont assurés : le carnet de commande est plein. Un plan de reprise est en cours d’élaboration avec plusieurs associés. Que comptez-vous faire pour éviter toute cessation d’activité hâtive et apporter à ce projet le renfort financier nécessaire pour maintenir le plus possible d’emplois ?

Arc International a vu ses effectifs passer de 12 000 salariés à 5 680 en dix ans. L’entreprise a prévu une nouvelle baisse de ses effectifs à l’échéance de l’accord de méthode, fin 2012. Les salariés s’inquiètent d’une nouvelle réduction en raison de la priorité affichée par l’actionnaire de produire en Chine, aux Émirats arabes unis et aux portes mêmes de l’Europe, en Russie. D’où 880 départs à la retraite programmés d’ici à 2015, dont un sur deux seulement sera remplacé. Sans parler des 1 500 salariés qui pourraient « opportunément », aux yeux de la direction s’entend, bénéficier de « retraites anticipées amiante », mais sans être remplacés. Confirmez-vous une telle information ?

Monsieur le ministre, d’une manière plus générale, quelle action déterminante le Gouvernement compte-t-il entreprendre pour stopper une telle hémorragie d’emplois et assurer la pérennisation de toutes les entreprises que j’ai citées ? »

La réponse de M. Peillon

« Monsieur le sénateur Dominique Watrin, je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser mes collègues Michel Sapin et Thierry Repentin, qui sont en ce moment même auditionnés par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale sur les crédits de la mission « Travail et emploi ».

Les entreprises que vous avez citées, et qui relèvent de secteurs d’activité très différents, ont effectivement supprimé de nombreux postes dans votre département. Le nombre total de licenciements économiques cette année est sensiblement supérieur à celui de l’année précédente à la même période : 3 041 à la fin du mois de septembre 2012, contre 2 799 en 2011, ce qui traduit une dégradation sérieuse de la situation économique depuis de très nombreux mois.

Une telle situation est préoccupante pour tous les travailleurs concernés et pour toutes les familles touchées directement ou indirectement par le chômage. Le Gouvernement veille donc à ce que les salariés victimes d’un licenciement économique soient accompagnés le mieux possible pour retrouver au plus vite un emploi.

Les salariés victimes de licenciement économique dans les entreprises de moins de 1 000 salariés et dans les entreprises en redressement ou liquidation judiciaire peuvent être accompagnés dans le cadre du contrat de sécurisation professionnelle, le CSP. Ce dispositif, dont je reparlerai, vise à favoriser le retour à un emploi durable, le cas échéant au moyen d’une reconversion. L’allocation versée dans le cadre du CSP pendant un an équivaut à la quasi-intégralité du salaire net antérieur. Dans le Pas-de-Calais, à la fin du mois de juillet 2012, 2 267 salariés licenciés pour motifs économiques sont entrés dans le dispositif.

N’en doutez pas, monsieur le sénateur, le Gouvernement se mobilise ; tous les outils de la politique de l’emploi sont mis en œuvre pour aider les salariés.

Dans le cas de l’abattoir du pôle frais de Doux situé à Graincourt-lès-Havrincourt, dès le début du mois d’août, et parallèlement aux efforts déployés par le Gouvernement pour préserver au mieux l’emploi du pôle frais, l’État a mis en place une cellule d’appui à la sécurisation professionnelle pour l’ensemble des 253 salariés, afin qu’ils bénéficient d’un accompagnement particulier pour les soutenir et les aider dans leurs démarches de reconversion.

La mise en place de ce type de cellule est exceptionnelle, mais elle répond à une situation elle-même exceptionnelle, sur un bassin d’emploi qui souffre. Les salariés licenciés sont ensuite pris en charge dans le cadre du CSP.

Le Gouvernement s’est également engagé à débloquer un million d’euros pour le fonds de revitalisation permettant de soutenir des projets économiques créateurs d’emplois sur ce territoire.

Monsieur le sénateur, nous sommes particulièrement conscients de la situation préoccupante de l’emploi dans le Pas-de-Calais et de la nécessité d’agir rapidement. C’est pourquoi nous avons attribué 1 442 contrats d’accompagnement dans l’emploi supplémentaires au Pas-de-Calais pour le second semestre de 2012, en plus de l’enveloppe initiale de 5 902 de juillet 2012, soit une enveloppe totale de 7 344 contrats d’accompagnement pour le second semestre.

Notre action est tout entière tournée vers l’emploi. Vous le savez, dès le mois de juillet, une grande conférence sociale réunissant l’ensemble des partenaires s’est tenue à l’initiative du Gouvernement. Elle donne déjà ses premiers résultats. Les partenaires sociaux – c’est la méthode de la concertation, celle que j’évoquais tout à l’heure – viennent de conclure un accord interprofessionnel sur le contrat de génération, et la loi créant les emplois d’avenir vient d’être enfin promulguée. Ce sont plusieurs centaines de milliers d’emplois qui seront créés ou sauvegardés dans les mois à venir. D’autres négociations importantes sont en cours, y compris sur la sécurisation de l’emploi.

Monsieur le sénateur, j’espère vous avoir convaincu que le Gouvernement est mobilisé pour faire de l’emploi sa priorité et qu’il porte une attention particulière au département du Pas-de-Calais. »

Ma réplique :

« Je suis heureux d’entendre M. le ministre confirmer ce que j’ai évoqué.

La situation de l’emploi dans le Pas-de-Calais est en effet préoccupante.

À mes yeux, le nombre d’entreprises concernées par des menaces de fermeture ou des réductions d’activité et d’emploi justifie la demande, formulée dès le mois de juillet par le secrétaire national du parti communiste français et par la présidente d’alors de notre groupe, Nicole Borvo, d’un moratoire général sur l’ensemble des plans de licenciement collectifs.

Un tel moratoire serait d’autant plus légitime que, les exemples que j’ai mentionnés le montrent, il faut parfois laisser du temps au temps, afin que les projets de reprise puissent être menés à terme pour devenir effectifs, en obtenant tous les soutiens nécessaires.

En outre, on ne peut ignorer que, dans les cas que j’ai cités, s’illustrent aussi des stratégies financières.

Monsieur le ministre, vous affirmez que le Gouvernement est mobilisé. Pour ma part, j’ai le sentiment qu’il ne prend pas la juste mesure de l’impatience des salariés confrontés à de telles situations. Ils attendent beaucoup plus du Gouvernement, notamment des mesures nettement plus vigoureuses, afin qu’ils ne soient plus considérés comme de simples variables d’ajustement des difficultés rencontrées. En disant cela, je ne vous adresse pas un reproche personnel, monsieur le ministre ; j’exprime une demande très vive à l’égard de l’ensemble du Gouvernement.

Je suis convaincu qu’un certain nombre de lois doivent être adoptées, notamment pour donner plus de pouvoirs aux salariés dans les entreprises. C’est, me semble-t-il, le seul moyen d’éviter certaines dérives patronales que l’on a pu constater et de répondre à des stratégies financières qui jouent contre l’emploi.

Je m’étonne tout de même que le ministre du redressement productif n’ait pas pu, ou pas voulu, répondre à ma question, alors qu’il était là voilà quelques instants.

Je prends néanmoins acte des quelques éléments que vous avez fournis, monsieur le ministre. Je relève que, sur les contrats aidés, il s’agit d’un simple rattrapage : j’avais en effet écrit à M. Sapin pour indiquer que nous étions fortement pénalisés dans la répartition de l’enveloppe nationale des contrats aidés. Je me réjouis donc que mon intervention ait porté.

Je souhaiterais tout de même que vous transmettiez les questions précises que j’ai soulevées aux différents ministres chargés de ces dossiers, afin que je puisse obtenir des réponses plus détaillées et les transmettre à mon tour aux salariés concernés. »

Les conseillers communistes de la CALL se font entendre dans le débat d’orientation budgétaire

Bruno Troni

CALL –  Séance du Vendredi 07 Décembre 2012

Débat d’Orientation Budgétaire 2013  

Intervention Bruno TRONI

Après quelques mois de mandat et quelques mesurettes, nous avons du faire face à une très mauvaise surprise : l’adoption du traité européen négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Un geste inouï qui enferme les budgets nationaux des Etats membres dans un carcan d’austérité et qui place les nations sous surveillance. Je reprendrais la phrase de notre collègue sénateur communiste Thierry Foucaud : « voilà qui laissera au Parlement, comme aux assemblées élues dans nos territoires, une seule liberté, celle de fixer les conditions d’administration de la purge ! ». Ce traité qui aura des impacts directs sur nos populations et qui aurait d’ailleurs bien mérité un référendum, se situe aux antipodes des espoirs qu’a suscités l’élection de François Hollande.

Rigueur donc à tous les étages sauf à celui du grand patronat. Si l’on a beaucoup entendu parlé des « pigebudget des communesons », ce sont surtout les rapaces qui se sont frotté les mains à la découverte du rapport Gallois dont les mesures ont eu un large écho à l’Elysée. Ce grand patronat, qui n’a de cesse depuis des décennies de dénoncer l’interventionnisme d’Etat, n’hésite pourtant pas à exiger de lui des mannes financières de plus en plus importantes qu’on lui accorde aujourd’hui encore au prétexte d’un « choc de compétitivité ». Ces mannes financières dont une grande partie finira dans le compte de grandes entreprises dans lesquelles le sort des actionnaires est bien plus enviable que celui des salariés, sont autant d’argent public qui ne pourra plus être injecté dans les services publics ou la solidarité nationale.

De loi de finances en loi de finances, les dotations de nos collectivités s’étiolent, l’espoir de mener des politiques de développement dignes de ce nom s’amenuisent et si l’on ajoute à cela le troisième acte de la décentralisation dont on craint qu’une fois encore il aboutisse à des transferts de charges mal compensés, il est peu de dire que le présent comme l’avenir de nos populations risquent de continuer à être mis à mal.

L’hiver vient de nous apporter ses premiers flocons et cette nuit encore des gens dormiront dehors. D’autres fixeront le plafond en se demandant s’ils feront partie de la charrette de licenciements prévue dans leur entreprise, je pense bien sûr aux Arcelor-Mittal mais j’ai aussi une pensée particulière pour les salariés de MSI ou de Durisotti dont la plupart vivent dans nos communes. Et alors que certaines familles éviteront de mettre le radiateur en marche pour ne pas avoir à trop subir le poids des augmentations incessantes du prix du gaz, uniquement justifiées par la sacro-sainte « libre concurrence », d’autres racleront leurs poches pour trouver l’argent nécessaire à l’achat d’une nouvelle paire de lunette pour l’un de leurs enfants tout simplement parce qu’ils ont du mettre un terme à leur mutuelle.

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J’entends parfois dire que pleurer dans son mouchoir ne sert à rien, qu’il faut être offensif, se battre.

Il nous faut en effet porter haut et fort nos revendications, et qui pourrait mieux les entendre qu’un gouvernement qui, il y a quelques mois, prônait le changement ?

Ce changement, les Français l’attendent, la population de notre agglomération l’attend et il nous faut exiger de l’Etat qu’il prenne ses responsabilités et respecte cette promesse.

Comment peut-on attendre de nos communes, de notre agglomération qu’elles s’engagent dans une transformation, un développement global, durable  du territoire si nous devons faire face aux désengagements de l’Etat dans le cadre sa politique nationale vis-à-vis des collectivités, des services publics et des dispositifs de solidarité.

Le contexte actuel nous pousse à être vigilants quant à nos dépenses. Dans Orientation budgétaires, il y a « orientation » et l’on ne peut s’orienter sans visibilité or certaines politiques communautaires, certaines participations en sont dépourvue.

Nous avons eu l’occasion d’insister à plusieurs reprises sur les demandes de participations en augmentation constante dans des structures telles l’EPCC, la plate-forme multimodale ou encore le syndicat mixte d’exploitation du stade couvert. Nous devons absolument maîtriser ces dépenses et fixer un plafond de participation non pas en pourcentage mais en euros. Cette assemblée ne doit en aucun cas être pieds et poings liés face aux demandes de ces structures.

index

Manque de visibilité sur un dossier sensible : Adevia. Sensible parce que de la viabilité de cette SEM dépend la viabilité des emplois de ses salariés. Cette Communauté vient de décider d’injecter 3 millions d’euros dans cette société, 3 millions que nous ne reverrons probablement jamais et qui malheureusement risquent fort d’être insuffisants et ne serviront qu’à retarder de quelques mois une échéance malheureuse.

Manque de visibilité toujours concernant la nouvelle compétence sport, culture et numérique qui va engendrer des dépenses qu’à ce jour personne ne peut globalement chiffrer et qui risque fort de représenter un poids conséquent. J’aimerais sur ce point redire à quel point nous trouvons inconséquent la décision d’ajouter des compétences à toutes celles que la CALL possède déjà sans avoir mener, en commun, un minimum de débat et de réflexion sur la teneur de ces compétences. Lorsque, dans nos communes, nous souhaitons mettre un projet en œuvre, nous chiffrons d’abord ce qui nous amène parfois à engager le dossier ou à y renoncer.

Tram pneus 01Quant au fameux tramway sur rail dont il y aurait beaucoup à dire, j’oserai dire que l’on veut nous le vendre à tout prix et ce, même si le prix en question pour notre agglomération devrait être élevé dans la mesure où cette opération « pourrait générer d’importants travaux à la charge de l’instance intercommunale » pour les dévoiements de réseaux (environ 11 millions €).

Enfin, je voudrai revenir sur le Louvre Lens. Je l’ai dit tout à l’heure, l’Etat se doit de prendre ses responsabilités.  Pour ceux qui en douteraient encore, je tiens à souligner à quel point les élus communiste considèrent l’accès à la culture et la décentralisation culturelle comme étant d’une importance capitale pour le développement de l’individu.  Je rappellerais encore que nous n’avons jamais contesté l’intérêt de disposer, sur notre territoire, d’un outil comme Le Louvre. La seule chose qui soit en cause ici, c’est bel et bien l’aspect financier. Nous tenons donc à ce que notre instance interpelle fermement Madame Filippeti pour obtenir un engagement financier pérenne de l’Etat ce qui ne serait que justice pour un musée d’Etat.

La TEOM avait officiellement été instituée pour financer le service de collecte des déchets. On s’aperçoit qu’en réalité, elle sert à financer toutes ces décisions qui, si l’on n’y prend garde, finiront par amener la majorité qui a adopté cette taxe à vouloir l’augmenter. Des taxes en augmentation qui s’ajoutent à un pouvoir d’achat déjà en baisse, c’est moins de consommation, moins de demande, plus de pessimisme avec tous les effets pervers que cela provoque pour la vie économique mais aussi pour la vie sociale.

Les grands projets ne constituent pas les seuls défis que cette communauté doit relever, ils ne doivent donc pas concentrer tous nos efforts et une trop grande partie de nos finances. Il convient comme en toute chose d’être raisonnable, à défaut toutes ces grandes choses que la Call entreprend pour le développement du territoire pourraient bien, à terme, avoir l’effet inverse et mettre notre population en situation de payer les pots cassés de décisions peu opportunes.

 

CONFERENCE DE PRESSE (Extraits Article Voix du Nord)

Outre leur désaccord profond avec la politique gouvernementale et le traité européen, les élus communistes de la communauté d’agglomération Lens-Liévin (CALL) évoquaient hier matin leur position sur des sujets financiers bien plus locaux.

À l’approche du débat d’orientation budgétaire de la CALL, le groupe communiste s’apprête à distribuer à la population un livret reprenant ses quelques reproches au sujet de la gestion de l’agglomération, « trop centrée sur les deux grandes villes au détriment des trente-quatre autres ».

Les élus communistes tenaient également à dénoncer quelques dossiers qui révèlent, selon eux, la mauvaise gestion exécutive de l’agglomération. À commencer par le dossier du stade Bollaert. « Il est difficile de comprendre que le propriétaire ne mette pas d’argent pour sa rénovation et qu’on injecte finalement de l’argent public pour qu’une entreprise privée profite ensuite des bénéfices, relève Bruno Troni, maire de Billy-Montigny.

Il y a quelques mois, les élus communautaires avaient signé une avance de 20 millions remboursables ensuite par le propriétaire. Et lors du dernier conseil, on a trouvé une délibération sur la table sans aucune concertation entre les groupes politiques, transformant cette avance en subvention de 12 millions d’euros ! » Stade couvert régional, Adévia, participation de la CALL aux frais de fonctionnement de nombreuses structures, etc. Plusieurs sujets inquiètent le groupe communiste et républicain.

« On demande un développement plus harmonieux dans les 36 communes qui subissent autant que les autres les politiques gouvernementale et européenne, et qui ont autant de besoins. » C’est donc l’« attitude méprisante des partenaires exécutifs de l’agglo envers notre groupe » que les communistes dénonceront avant le vote du budget. •

TEXTE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE